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Loi narcotrafic : les «portes dérobées» dans les messageries chiffrées reviennent par la fenêtre

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Un amendement adopté au pas de charge au Sénat entend imposer aux opérateurs de messagerie une obligation générale de ménager aux enquêteurs un accès aux contenus échangés. Une option que nombre d’experts s’accordent depuis des années à juger désastreuse en termes de cybersécurité.
L'amendement visant à faire créer des «portes dérobées» dans les messageries électroniques a été adopté au Sénat contre l’avis de la commission des lois. (Jacques Julien/Getty Images)
publié le 30 janvier 2025 à 18h27

La question est vieille comme l’Etat de droit : quel équilibre entre la protection de la vie privée des citoyens et la possibilité pour les services de police, de justice et de renseignement d’enquêter pour prévenir ou sanctionner des crimes ou des délits ? Question que reconfigurent, depuis une trentaine d’années désormais, le développement des technologies de cryptographie et leur adoption par les entreprises, puis par le grand public. Et qui resurgit régulièrement au gré des impératifs sécuritaires du moment : depuis dix ans, le débat autour des messageries (plus ou moins) chiffrées – Telegram, WhatsApp ou Signal pour les plus connues – s’est successivement noué autour de la prévention du terrorisme, de la lutte contre la pédocriminalité et, désormais, de l’endiguement du narcotrafic. Mardi soir, la proposition de loi discutée au Sénat s’est ainsi vue augmentée d’un nouvel article visant, en résumé, à imposer à ces messageries de mettre en place des accès permettant d’intercepter les contenus échangés, soit des «portes dérobées» ou backdoors, sans qu’elles puissent opposer des «arguments contractuels ou techniques qui y feraient obstacle». Un amendement adopté avec la bénédiction des ministres de l’Intérieur et de la Justice, mais contre l’avis de la commission des lois.

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