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Faits divers

«Ma mère est une bonne personne, mais pas une bonne mère» : Alex Batty livre sa version de sa disparition

Le jeune adolescent britannique de 17 ans a été retrouvé le 13 décembre après avoir disparu pendant six ans. Communauté spirituelle sectaire, vie nomadique, perspectives d’avenir… Il livre sa version des faits.
Alex Batty et sa famille ont été vus à plusieurs reprises dans la commune audoise de Camps-sur-Agly. (Matthieu Rondel/AFP)
publié le 22 décembre 2023 à 16h38

Après une enfance nomade sans jamais aller à l’école, puis avoir été porté disparu depuis 2017 et un voyage en Espagne avec sa mère et son grand-père, Alex Batty, 17 ans, a été retrouvé mercredi 13 décembre par la police dans le Sud-Ouest de la France. Alors que son enlèvement par ses proches vient de faire l’objet de l’ouverture d’une enquête pénale au Royaume-Uni, il raconte pour la première fois son épopée dans le Sun de ce vendredi 22 décembre. De retour vers une vie traditionnelle en Angleterre, il dit comment il a faussé compagnie à sa mère Mélanie, 43 ans, et son grand-père David, 64 ans, au beau milieu de la nuit du 11 décembre dernier à Chalabre, à la limite de l’Aude et l’Ariège.

En septembre 2017, alors qu’il n’a que 12 ans, Alex part en vacances avec sa mère et son grand-père à Marbella, au sud de l’Espagne. Le hic, c’est que ces deux adultes sont interdits de contact avec lui, sa mère ayant perdu sa garde car étant «instable», selon la justice. Après avoir été aperçus le 8 octobre en Andalousie, les trois Anglais s’évaporent dans la nature. Alex raconte qu’ils vivent alors sans jamais s’attarder plus de quelques mois à un endroit, ils passent par le Maroc, puis les montagnes espagnoles et françaises, «au milieu de nulle part», dit-il au tabloïd anglais. Il ne voit jamais de personnes de son âge. En Angleterre, Susan Caruana, sa grand-mère et tutrice légale, alerte les autorités de sa disparition. Mais le temps passe, et pas de nouvelles d’Alex.

Sa mère fustigeait les «esclaves du système»

Dans les années qui suivent, le garçon aurait vécu dans une «communauté spirituelle itinérante», selon le récit qu’il a formulé aux gendarmes français. Il commence rapidement à penser à partir, «vers quatorze ou quinze ans». A seize ans il évoque l’idée, et la réaction de sa mère ne se fait pas attendre : elle y est fermement opposée. L’ancienne avocate qui parle à longueur de journée des «esclaves du système» est aussi antivax et anti-gouvernement, selon son fils. «Ma mère est une bonne personne, mais pas une bonne mère», estime-t-il auprès du tabloïd.

Celui-ci est pourtant bien déterminé et décide donc de fuir, après s’être disputé avec sa mère. La nuit du 11 décembre, il remplit son sac à dos avec quatre t-shirts, trois pantalons, une lampe torche, 100 euros et un couteau suisse, s’empare de son skateboard, laisse un mot d’adieu, et prend la direction de Toulouse, à 110 kilomètres au nord. Il marche pendant deux jours, dors par terre, trouve des sources de montagne pour boire de l’eau… Jusqu’à ce qu’un chauffeur-livreur le trouve le long d’une route, à trois heures du matin. Pour brouiller les pistes, il invente une histoire de toutes pièces, disant qu’il marche depuis quatre jours, afin d’éloigner de potentielles autorités de l’endroit où se trouvent sa mère et son grand-père. «J’ai menti pour essayer de [les] protéger, mais je me rends compte qu’ils vont probablement se faire attraper de toute manière», souffle-t-il.

Samedi 16 décembre, l’adolescent de bientôt 18 ans est de retour à Manchester, où «il pleut, comme d’habitude». Placé sous mesure de protection à cause de l’ampleur médiatique de sa réapparition, il a retrouvé sa grand-mère, et se voit bien aller à l’université et devenir ingénieur en informatique. Car s’il n’a pas eu d’éducation conventionnelle, le garçon nomade qu’il était a appris les langues étrangères, les mathématiques et les sciences informatiques grâce à des manuels scolaires qu’il trouvait. Il raconte aussi, pour subvenir aux besoins de la famille, avoir « travaillé sur des chantiers, de la rénovation, peindre de murs » mais également « comme sous-chef pendant quelques mois, ce qui était amusant ». A présent, il «va être occupé à étudier et à rattraper son retard».