Pour la police judiciaire, les faits sont d’une «cruelle simplicité» : le soir du 9 décembre 2022, à Charleville-Mézières (Ardennes), Hocine A., 82 ans, tue devant chez lui Mahamadou Cissé, 21 ans. Un «homicide par exaspération», ose le procureur de la République de Reims, plus proche de l’excuse morale que de la qualification pénale. Le harki résidait depuis trente ans dans le quartier populaire de la Ronde-Couture. Après une interaction qu’il décrit comme houleuse, avec plusieurs jeunes hommes dans son hall d’immeuble, trop souvent occupé selon lui, il fait feu avec son 22 long rifle sur l’un d’entre eux. La victime, Français d’origine malienne, avait aussi habité dans ce même bâtiment pendant des années.
Ce mercredi, un rassemblement est organisé par les proches de Mahamadou Cissé, emmenés par sa sœur Assétou, devant le palais de justice de Reims ; car une confrontation y est organisée entre le principal témoin, Sofiane (1), et le vieil homme, mis en examen notamment pour homicide et actuellement en détention provisoire. Libération retrace l’histoire du meurtre et de ses protagonistes, au carrefour du racisme ordinaire, du fossé générationnel, et du conflit de voisinage dans un quartier déshérité.
A la Ronde-Couture les oiseaux chantent, en cette chaude journée de juin, et donnent leur nom aux rues : des Mésanges, des Colibris… Le drame s’est joué dans celle des Chardonnerets, devant le numéro 12. Depuis qu’il y a assisté, Sofiane, la vingtaine, «ne