La justice administrative a validé ce lundi 4 mars l’expulsion de l’imam Mahjoud Mahjoudi, accusé d’avoir proféré des appels à la haine visant les femmes et les juifs dans ses prêches. La requête déposée par la défense de l’intéressé a été examinée vendredi par le tribunal, qui l’a rejetée.
Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est félicité de cette décision, dans un message publié sur X (ex-Twitter). «La justice confirme l’expulsion de “l’imam” qui incite clairement au séparatisme et insultait notre drapeau, écrit le ministre. Sur mon instruction, les services du Ministère de l’Intérieur continueront, grâce à nos nouvelles lois, à lutter avec efficacité contre tous les prêcheurs de haine.»
Selon les informations de BFMTV, l’avocat de Mahjoud Mahjoudi compte «interjeter immédiatement appel de cette décision». L’imam, déjà expulsé vers la Tunisie, attendra donc désormais la décision du Conseil d'Etat.
Analyse
Dans sa décision rendue lundi, la juge estime que Mahjoubi «développe un discours théorisant la soumission de la femme à l’homme et impliquant que les femmes ne puissent bénéficier des mêmes libertés ou des mêmes droits que les hommes, en méconnaissance du principe constitutionnel d’égalité». Elle relève, par ailleurs, que l’imam «tient des propos contre les principes de la République en s’en prenant au drapeau français, emblème national et en faisant l’éloge de la charia», la loi islamique. Elle note, en outre, «que les propos proférés sont des actes de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence» envers des personnes «en raison de leur non-appartenance à la religion musulmane ou à l’appartenance à un autre courant de l’Islam».
«Les Juifs désignés notamment comme les ennemis historiques des musulmans»
Enfin, la juge souligne que les propos de Mahjoubi «envers les Juifs désignés notamment comme les ennemis historiques des musulmans qu’il faut combattre sont constitutifs d’actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre les Juifs». Elle précise, en dernier lieu, que l’imam a tenu des propos incitant au terrorisme en faisant une apologie du jihad.
L’imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze (Gard) avait été interpellé à son domicile le jeudi 22 février avant d’être expulsé dans la soirée. Il est notamment visé par une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme, après avoir fait l’objet de plusieurs signalements par la préfecture du Gard. Le préfet du département, Jérôme Bonet, avait déclaré que les prêches de l’homme remettaient «en cause les principes de la République» et constituaient des «appels à la haine», prononcés au sein d’une «mosquée à la dérive».
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, l’imam avait qualifié le drapeau tricolore de «drapeau satanique» qui n’aurait «aucune valeur auprès d’Allah».