Il y aura bien un procès contre Jackie D., le major d’une compagnie de CRS responsable du tir de grenade qui a arraché la main au manifestant Gabriel Pontonnier lors du deuxième acte du mouvement des gilets jaunes, en novembre 2018. Selon une information communiquée ce mardi 10 décembre par l’AFP, qui cite une source proche du dossier, le juge d’instruction a ordonné le 4 décembre un procès à Paris pour blessures involontaires devant le tribunal correctionnel.
Info Libé
Le parquet de Paris avait requis un non-lieu dans ce dossier. Mais le magistrat instructeur a estimé que si le policier, désormais âgé de 53 ans, n’était certes pas «animé par une volonté» de blesser Gabriel Pontonnier, il n’avait pas pris les précautions nécessaires avant de tirer. Selon lui, le mis en cause a lancé sa grenade «en direction d’un groupe d’individus» malgré «d’importantes quantités de fumées» et «l’obscurité» qui l’empêchaient de voir correctement. Le juge relève aussi que le tir n’a pas été effectué en binôme, avec un superviseur.
«Ils ont fracturé nos vies»
L’analyse du juge d’instruction contraste avec celle du ministère public, qui estimait l’usage de cette grenade «nécessaire et proportionné», et réalisé dans le cadre légal prévu. Dans ses réquisitions en avril, le parquet avait aussi estimé que Gabriel Pontonnier avait pris des risques en se rapprochant de la grenade «pour s’en saisir». Face au magistrat instructeur, Jackie D. avait lui assuré avoir tiré au «meilleur endroit» possible pour lancer la GLI-F4, une grenade contenant une charge explosive constituée de 25 grammes d’un explosif générant un effet assourdissant, une onde de choc et la dispersion de gaz lacrymogène. Sollicité par l’AFP, l’avocat du mis en cause, Martin Dier, n’a pas souhaité s’exprimer.
Cette décision de renvoyer le policier devant un tribunal «est le fruit d’une application rigoureuse des textes régissant l’emploi de la grenade GLI-F4», ont salué de leur côté les avocats de la famille Pontonnier, William Bourdon, Vincent Brengarth et Emma Eliakim. Cette «avancée récompense le travail acharné mené avec la famille depuis plus de six ans», ont-ils insisté, regrettant toutefois qu’un non-lieu ait été prononcé pour le chef de mise en danger. «On attend vraiment que les dates du procès soient fixées pour y croire», a réagi la mère de Gabriel Pontonnier, Dominique, aussi présente le jour des faits : «Toute une famille a été impactée. Ils ont fracturé nos vies».
Mise à jour : mardi 10 décembre à 14h10, avec davantage d’informations.