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Justice

«Mains rouges» sur le mur des Justes : quatre hommes seront jugés à l’automne

Les suspects, de nationalité bulgare, auraient agi pour le compte du Kremlin, dans une opération de «déstabilisation de la France» organisée par les services de renseignement russes.
Des graffitis de mains rouges sont visibles sur le "Mur des Justes" à l'extérieur du mémorial de la Shoah à Paris, le 14 mai 2024, après que le monument ait été vandalisé pendant la nuit. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a dénoncé l'acte comme étant antisémite. (Antonin Utz/AFP)
publié le 26 juillet 2025 à 12h05

Quatre hommes de nationalité bulgare seront jugés à l’automne par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des «mains rouges» taguées sur le Mémorial de la Shoah en mai 2024, a indiqué samedi le parquet, confirmant une information de France Info. Trois d’entre eux sont en détention provisoire depuis leur extradition depuis la Croatie et la Bulgarie, «la quatrième personne, en fuite, fait l’objet d’un mandat d’arrêt et pourra être jugée en son absence», a précisé le parquet.

Une juge d’instruction a ordonné jeudi que les trois suspects soient jugés pour dégradations en réunion et en raison de la prétendue appartenance à une race, ethnie ou religion, ainsi que pour association de malfaiteurs, a-t-il détaillé. La quatrième personne, soupçonnée «d’avoir effectué les réservations d’hébergement et de transport des auteurs principaux, est poursuivie pour la complicité des dégradations aggravées et pour association de malfaiteurs».

Dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, 35 tags représentants des «mains rouges» (symbole pouvant être lié au lynchage de soldats israéliens à Ramallah, en Cisjordanie, en 2000) ont été peints sur le mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris. Il leur est également reproché «plusieurs dizaines de tags similaires» sur des murs dans les IVe et Ve arrondissements de la capitale.

«Diviser l’opinion française»

Les suspects ont été identifiés grâce à l’analyse des images de vidéosurveillance, de leurs lignes téléphoniques, des réservations de vols et d’un hôtel. Au cours de l’information judiciaire s’est dessinée «l’hypothèse que cette action était susceptible de correspondre à une action de déstabilisation de la France orchestrée par les services de renseignement russe», a indiqué le parquet.

Cette action s’intégrait dans «une stratégie plus large visant à diffuser de fausses informations et également à diviser l’opinion française ou attiser les tensions internes en faisant appel à des “proxies, c’est-à-dire des personnes qui ne travaillent pas pour ces services mais sont rémunérées par eux pour des tâches ponctuelles par le biais d’intermédiaires, notamment dans des pays voisins de la Russie», a-t-il ajouté. Le service Viginum, chargé de la lutte contre les ingérences numériques étrangères, avait «observé une instrumentalisation de cette affaire par des acteurs liés à la Russie».

Le 31 mai de cette année, le mémorial de la Shoah avait de nouveau été souillé, cette fois de peinture verte, tout comme trois synagogues et un restaurant juif. Deux jours plus tard, trois ressortissants serbes avaient été interpellés dans les Alpes-Maritimes, alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la France.

Dans le cas de l’affaire des «mains rouges», Une première audience est fixée le 11 septembre, le procès au fond pourrait se tenir fin octobre, selon le parquet.