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Libération
Antisémitisme

Mains rouges taguées sur le mur des Justes : une information judiciaire ouverte

La procureure de la République de Paris Laure Beccuau a annoncé ce lundi 27 mai avoir «ouvert une information judiciaire», pour poursuivre les investigations sur les mains rouges taguées sur le Mémorial de la Shoah à Paris.
Des mains rouges ont été taguées dans la nuit de lundi 13 mai a mardi 14 mai 2024 sur le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah à Paris. (Karim Daher/Hans Lucas)
publié le 27 mai 2024 à 10h26
(mis à jour le 27 mai 2024 à 11h23)

La procureure de la République de Paris Laure Beccuau a annoncé ce lundi 27 mai, auprès de nos confrères de Franceinfo, avoir «ouvert une information judiciaire vendredi», soit une dizaine de jours après la découverte de tags antisémites sur le mur des Justes à Paris - lieu où sont apposées des plaques portant les noms des 3.900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce Mémorial a été retrouvé recouvert de dessins de mains rouges, apparus dans la nuit du 13 au 14 mai, et une enquête avait été ouverte pour dégradations volontaires sur un bien classé et en raison de l’appartenance à une nation, ethnie, race ou religion.

Cette information judiciaire a été ouverte pour «dégradation du bien d’autrui commise en réunion», avec la circonstance aggravante que «les faits ont été commis en raison de l’appartenance vraie ou supposée à une ethnie, race ou religion». Le parquet précise que la peine encourue s’élève à 7 ans de prison. L’information judiciaire est également ouverte pour association de malfaiteurs. Une infraction passible, elle, de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.

Désormais, les enquêteurs sont placés sous l’égide d’un juge d’instruction, et creusent notamment la piste de trois suspects en fuite à l’étranger, sur fonds de soupçons de manipulation étrangère russe. «Nous avons des pistes sur les auteurs», a déclaré Laure Beccuau, qui se veut prudente sur le terme d’ingérence étrangère : «je ne souhaite pas le dire tout de suite, et je ne me sens pas en capacité» à ce stade «d’adopter ce terme», a-t-elle notamment expliqué. Les enquêteurs soupçonnent en effet Moscou d’avoir commandité ces actes de vandalisme, selon une information du Canard enchaîné du 21 mai.

Trois Bulgares dans un Flixbus vers Bruxelles

Selon le journal, la vidéosurveillance et le bornage de téléphones portables ont permis aux enquêteurs de remonter vers trois complices bulgares. Logés dans un hôtel à l’est de Paris, ils ont quitté la capitale à bord d’un Flixbus à destination de Bruxelles immédiatement après la profanation du Mur des Justes, a indiqué le parquet de Paris le 22 mai. «Les investigations ont également établi que les réservations avaient été effectuées depuis la Bulgarie», ajoutait le parquet, sans s’avancer sur la nationalité des intéressés.

En octobre dernier, des étoiles de David bleues, peintes au pochoir, ont été découvertes, taguées sur des immeubles de la région parisienne, à Paris, Saint-Ouen ou encore Saint-Denis. Elles ont alors fait craindre une contagion du conflit israélo-palestinien en France. L’affaire a finalement été imputée par les autorités françaises aux services de sécurité russes (FSB) : dans une note confidentielle datant de février, les services de renseignement intérieur français (DGSI) assurent que cette opération a été pilotée par les services de sécurité russes. Un couple de Moldaves a été interpellé, le commanditaire présumé, un homme d’affaires moldave prorusse, identifié.

Mise à jour : à 11h17, avec ajout de précisions.