L’homme suspecté d’avoir violemment agressé le 6 août le maire de Villeneuve-de-Marc, en Isère, a été interpellé ce vendredi matin, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans un message sur X. Le patron de Beauvau a salué «le travail rapide et efficace des gendarmes de l’Isère», ajoutant que «les violences contre nos élus sont intolérables et ne resteront jamais impunies».
Le suspect, en fuite depuis l’agression, était sous le coup d’un mandat de recherche lancé par le parquet de Vienne dans le cadre d’une enquête pour «tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique». L’homme de 59 ans a été interpellé sans heurts à 11 h 30 à Charantonnay (Isère), à 14 kilomètres des lieux de l’agression, rapporte une source proche du dossier. Il a été placé en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Saint-Jean-de-Bournay, selon une autre source.
«Trois plaies dont deux au thorax»
Le parquet avait annoncé jeudi soir que le pronostic vital du maire, un temps en urgence absolue, n’était «plus engagé». L’agression, qui avait eu lieu mercredi vers 17 heures, avait vu un administré du village s’en prendre au maire, Gilles Dussault, 63 ans, devant son domicile, «avec une arme blanche», relate encore le parquet.
Après avoir blessé l’édile au thorax, l’agresseur – qui résidait dans la commune «de longue date», selon le parquet – était revenu à son véhicule, tentant «de percuter le maire et son fils venu lui porter secours», avant de finir «sa course contre le mur» et de prendre la fuite à pied, non sans administrer des coups de poing au fils du maire. Souffrant de «trois plaies dont deux au thorax et une plaie défensive», l’élu a depuis pu être entendu par les enquêteurs et a confirmé le déroulé des faits rapporté par les premiers témoins, a précisé ce vendredi le parquet de Vienne. Selon cette même source, ses blessures lui valent une incapacité totale de travail (ITT) de quinze jours.
«Un litige opposait l’agresseur à la municipalité»
Selon les premiers éléments de l’enquête, «un litige opposait depuis plusieurs mois l’agresseur à la municipalité pour des questions d’urbanisme et de travaux réalisés par celui-ci sans autorisation», indique le parquet. Une information judiciaire a été ouverte par le pôle criminel du tribunal de Grenoble, désormais chargé de l’affaire, ainsi qu’une enquête pour «violences aggravées» à l’encontre du fils du maire, qui avait été plus légèrement blessé et hospitalisé à Vienne.
L’annonce de l’agression avait été suivie de nombreuses condamnations de la part d’élus et aussi d’Emmanuel Macron. «Quand un élu est attaqué, c’est la Nation qui est à ses côtés. Quand on s’attaque à ses représentants, la République se doit d’être sévère et intraitable», avait réagi mercredi sur X le président.
Les agressions d’élus ont augmenté de 13,5 % en 2023, avant de baisser de 9,3 % en 2024. Au total, ce sont 2 501 faits recensés, soit 48 par semaine, selon le rapport 2023-2025 publié en mai dernier par le Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calae). Sur un total de 520 000 élus, les maires représentent 64 % des victimes, devant les adjoints et conseillers (18 %) et les parlementaires (13 %), tandis que 82 % des atteintes sont commises à l’encontre d’un membre d’un exécutif local (maires et adjoints).
Ces «nombreuses agressions d’élus au quotidien» et le «degré de violence de cet acte» doivent «conduire les pouvoirs publics et les citoyens à réagir immédiatement», a déclaré l’Association des maires de France (AMF) jeudi 7 août.
Mise à jour à 16 h 10 avec plus de détails sur l’interpellation, l’état du maire et les données sur les agressions commises sur des élus.