Deuxième volet de notre enquête sur la criminalité en Serbie et la messagerie cryptée Sky ECC, infiltrée par la police française. Le premier sur les amitiés dangereuses entre une capitaine de police et un narco serbe à Monaco.
A la sortie du périphérique de Belgrade, entre une gargote surchauffée aux airs de cabane tyrolienne et un tas de gravats où s’affairent des pelleteuses, le tribunal spécial contre le crime organisé est un cube de béton sans qualité. On le manquerait à coup sûr si ce n’était la paire de drapeaux serbes frémissant à l’entrée et les trépieds de caméras abandonnés à leur sort par des reporters clopant à l’ombre. Le bâtiment fut une cour martiale et une prison militaire en d’autres temps troublés, rappelle la secrétaire qui nous guide vigoureusement le long des couloirs, ses escarpins comme des poignards dans les tapis défraîchis. Un sas de sécurité où chaque visiteur doit abandonner son téléphone dans un petit casier, une «media room» aux airs de salle de classe, des bureaux tout en acajou aux portes capitonnées… Jusqu’à la partie réservée au public, petite pièce rectangulaire collée au box des accusés, seulement séparée par une grande vitre pare-balles en plexiglas. Comme si on s’asseyait face à un aquarium à