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«Maman, le chirurgien m’a violée» : au procès Le Scouarnec, la petite fille qui n’a jamais été entendue

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La cour criminelle du Morbihan a commencé, ce jeudi 6 mars, à entendre les parties civiles au procès de l’ancien chirurgien jugé pour 299 agressions sexuelles et viols. La première, Orianne, a raconté trente ans de silence après avoir essayé de dénoncer les faits.
Les avocats des parties civiles au tribunal de Vannes (Morbihan), le 3 mars 2025. (Theophile Trossat/Libération)
publié le 6 mars 2025 à 19h50

Depuis la salle toute blanche où elle témoigne en visioconférence, une élégante dame de «bientôt 44 ans», dans son chemisier noir, regarde la photo qui s’affiche sur un autre écran. Elle regarde la petite fille disparue il y a longtemps. Elle avait 10 ans, des longs cheveux bruns et un sourire timide. Assise sur le canapé, elle se serrait tout contre sa mère. C’était en janvier 1992, quelques jours après son opération de l’appendicite à la clinique La Fontaine à Loches (Indre-et-Loire). Dans sa salle toute blanche, l’élégante dame rajuste ses lunettes en écailles de tortue, elle agrippe une feuille de notes et lance d’une voix déterminée à la cour criminelle : «J’ai beaucoup de choses à dire. Ça fait trente-trois ans que j’attends ce moment.» Depuis le 24 février, le pédocriminel Joël Le Scouarnec est jugé pour des agressions sexuelles et des viols sur 299 parties civiles. Orianne est la première d’entre elles à témoigner. Contrairement à beaucoup d’autres jeunes patients du chirurgien, elle garde une mémoire intacte de son hospitalisation. D’une voix émue, elle va entraîner la salle d’audience dans ses longues années de malheur. Trente ans que la petite fille aux longs cheveux bruns se demande si elle n’est pas «folle» puisque personne ne la croi