«Commanditaire, organisateur et tueur sans pitié du groupe.» C’est ainsi qu’Europol qualifie Marco Raduano, chef de la mafia de Foggia, qui vient d’être arrêté jeudi en Haute-Corse. A 40 ans, le mafioso, qui s’était évadé de prison il y a quelques mois, chapeaute la «Società Foggiana», active dans la province italienne de Foggia, dans les Pouilles. Son bras droit, Gianluigi Troiano, a simultanément été arrêté à Otura, près de Grenade, dans le sud de l’Espagne, selon un communiqué des carabiniers.
A lire aussi
«L’arrestation à l’étranger de deux dangereux fugitifs, le boss Marco Raduano et son bras droit Gianluigi Troiano […] représente un nouveau coup dur porté à la criminalité», a déclaré dans la foulée le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, faisant suite à la déclaration de Jean-Jacques Fagni, procureur général près la cour d’appel de Bastia. Selon une source proche du dossier, Marco Raduano a été arrêté jeudi soir à Aléria, dans l’est de l’île, alors qu’il dînait dans un restaurant avec une jeune femme, «interpellé en douceur par la section de recherche de la gendarmerie de Corse».
Evasion avec des draps
Sur l’île, l’homme vivait «assez chichement». Il était muni de faux papiers, utilisait un véhicule volé, faussement immatriculé. Son évasion, fin février 2023, est digne d’un thriller. L’homme est embastillé dans le quartier de haute surveillance de la prison de Nuoro, en Sardaigne. Tout est filmé par les caméras de surveillance. Par l’entremise de plusieurs draps noués l’un à l’autre, Raduano descend le long du mur de la prison, avant de s’enfuir. Au moment de cette évasion, il purgeait une peine de vingt-quatre ans de prison pour appartenance à une organisation mafieuse, trafic de stupéfiants, détention illégale d’armes et autres crimes, selon Europol. Dans une autre affaire en cours, il a été mis en cause pour deux meurtres perpétrés en 2017 et pour lesquels son bras droit est également poursuivi, selon les carabiniers.
A lire aussi
Gianluigi Troiano, lui, était en cavale depuis 2021. Il purgeait une peine, en régime d’arrêt domiciliaire, de neuf ans et deux mois. Longtemps sous-estimée, la mafia de Foggia, dite «quatrième mafia» – les trois autres étant la Cosa Nostra en Sicile, la ‘Ndrangheta en Calabre et la Camorra de Naples – est actuellement considérée comme l’une des plus violentes de la péninsule.
Ces arrestations ont été rendues possibles grâce aux efforts des policiers italiens «et à la coopération avec les forces de l’ordre françaises et espagnoles», a salué Piantedosi. Elles ont été menées par des membres d’un groupe spécial de carabiniers italiens «avec le soutien de la gendarmerie française et des unités opérationnelles de la garde civile espagnole», ont précisé les carabiniers.