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Libération
Violences policières

Tabassage de Maria à Marseille en 2018 : quatre policiers mis en examen pour «non-assistance à personne en danger»

Accusés d’être impliqués dans l’agression ultra-violente d’une jeune femme en 2018, plusieurs agents étaient entendus par la justice depuis mercredi. Quatre d’entre eux ont été mis en examen vendredi matin.

A Marseille, le 15 décembre 2018. (Theo Giacometti/Hans Lucas. AFP)
Publié le 02/10/2025 à 16h43, mis à jour le 03/10/2025 à 11h14

Une quadruple mise en examen après deux non-lieux. Sept ans après le passage à tabac à Marseille de Maria (connue sous un nom d’emprunt), quatre fonctionnaires de police ont été mis en examen, a annoncé le parquet à l’AFP vendredi 3 octobre. Ils sont poursuivis du chef de «non assistance à personne en danger». La veille, la Provence avait révélé qu’eux et d’autres gens avaient été entendus par la justice, dont quatre sous un régime de garde à vue qui a débouché à leur déferrement devant un juge d’instruction. Selon le quotidien régional, deux agents avaient été ramenés d’Outre-Mer pour les auditions. Celles-ci ont débuté mercredi, peuvent durer jusqu’à deux jours, et pourraient déboucher sur des mises en examen.

Les poursuites portent sur des faits qui se sont déroulés dans la préfecture des Bouches-du-Rhône le 8 décembre 2018, au plus fort du mouvement des gilets jaunes. Ce jour-là, près de 500 policiers étaient mobilisés à Marseille, dans un climat très tendu. Maria, une vendeuse de 19 ans, avait été atteinte à la cuisse par un tir de LBD alors qu’elle sortait de son lieu de travail, une boutique située dans une ruelle du cœur commerçant de la ville. Elle avait ensuite été frappée au sol par une quinzaine de policiers, à coups de pied et de matraques. Une photo prise à l’hôpital témoignait de la violence des coups : la tête partiellement rasée, elle affichait deux énormes cicatrices, symptôme de la fracture du crâne qui lui avait été diagnostiquée. La jeune femme souffre encore aujourd’hui de graves séquelles physiques et psychologiques.

Violences «purement gratuites»

La jeune femme avait déposé plainte le 19 décembre 2018 sur la plateforme de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Au terme d’une enquête préliminaire, une information judiciaire pour violences aggravées et non assistance à personne en danger avait été ouverte en juillet 2019.

«Sans l’ombre d’un doute, les individus qui ont violenté [Maria] avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d’autant plus inacceptables qu’elles ont été commises de façon purement gratuite», avait conclu une première fois, en décembre 2020, le juge d’instruction marseillais saisi du dossier.

Pourtant, deux non-lieux successifs avaient été prononcés, car la justice n’était pas en mesure d’identifier les auteurs des violences. Mais en juin 2023, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait finalement décidé de rouvrir l’instruction, à la demande de l’avocat de Maria, Me Brice Grazzini. «Des actes d’investigations utiles à la manifestation de la vérité peuvent encore être réalisés», avait estimé la cour. En l’espèce, des pistes ont conduit à l’identification de deux services de police pouvant se trouver sur les lieux. Et des soupçons ont visé trois policiers, l’un portant une attelle à la main et vêtu de vêtements noirs d’une marque sportive, deux autres portant un casque de skate.

Mise à jour vendredi 3 octobre à 9h58 avec la mise en examen de quatre agents et le chef d’inculpation.