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Violences

Martinique : la préfecture prononce un couvre-feu et une interdiction de manifester après les violences

La tension est montée d’un cran, à partir de mercredi sur l’île antillaise, où des barricades enflammées ont été installées dans plusieurs communes par des manifestants contre la vie chère. Poussant la préfecture à prendre des mesures restreignant la circulation.
RassGladys Roger, trésorière du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes), s'entretient avec des policiers avant une opération escargot contre la vie chère, le 24 septembre. (Ed Jones /AFP)
publié le 10 octobre 2024 à 8h37
(mis à jour le 10 octobre 2024 à 17h14)

La situation se retend en Martinique. La préfecture a décidé de la mise en place d’un couvre-feu et d’une interdiction de manifester à la suite des violences des dernières heures. Douze gendarmes ont été blessés, dont un par balle, alors qu’un bâtiment municipal et trois magasins ont été incendiés mercredi 9 octobre dans une commune du nord de l’île, lors d’affrontements avec des militants contre la vie chère, selon une source préfectorale. Les militaires ont été blessés alors qu’ils effectuaient une opération de levée de barrage au Carbet. Le principal point de tension de la journée de mercredi avait été la commune du Carbet (nord), où «quatre gendarmes ont été légèrement blessés» alors qu’ils effectuaient, avec succès, une opération de levée de barrage, a précisé à l’AFP la préfecture.

Les forces de l’ordre et les manifestants s’étaient fait face dès 6 heures du matin mercredi au niveau de ce barrage installé sur la RN2, l’axe principal reliant le nord-ouest de la Martinique et le centre de l’île, bloquant des centaines de véhicules. «La gendarmerie, avec l’appui du maire, a tenté, toute la matinée, par le dialogue et la discussion, de progressivement faire lever ce point de blocage. Face à l’agressivité de certains individus, […] qui les ont bombardés de projectiles, les gendarmes ont fait usage de la force», a déclaré la préfecture dans un communiqué.

Les protestataires avaient installé ce barrage dans le cadre d’une opération «île morte» lancée par plusieurs organisations militantes et syndicales, dénonçant notamment «les violences exercées par [les policiers de la] CRS 8» lundi contre des militants anti-vie chère bloquant un important axe routier du Lamentin. Plusieurs opérations escargot ont été menées sur les routes de l’île avant de converger vers le centre-ville de Fort-de-France mercredi à la mi-journée.

La huitième Compagnie républicaine de sécurité est partie le 21 septembre pour la Martinique après plusieurs nuits à de violents affrontements urbains, dans un contexte de crise liée au coût de la vie. Cette unité d’élite, spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021 par Gérald Darmanin, avait notamment été déployée en avril 2023 à Mayotte pour renforcer les effectifs de l’opération de sécurisation «Wuambushu» et à Marseille en août 2023 pour le contrôle du trafic de drogue.

Un mouvement contre la vie chère, thématique récurrente dans les Antilles françaises, a été lancé début septembre par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui exige un alignement sur l’Hexagone des prix des produits alimentaires qui sont 40 % plus chers en Martinique. En marge de ce mouvement, l’île a été secouée par des violences urbaines qui ont amené la préfecture à instaurer un couvre-feu nocturne, désormais levé, dans certains quartiers de Fort-de-France et de la commune limitrophe du Lamentin.

Quatre tables rondes ont été organisées par les autorités depuis le début de la crise, sans issue satisfaisante pour les protestataires. Une cinquième est prévue jeudi afin «de présenter le plan d’action» des autorités, a annoncé la préfecture.

Mise à jour à 9h42, avec le passage de 4 à 12 gendarmes blessés puis à 17h08 avec le couvre-feu et l’interdiction de manifester.