Un an après l’intervention Wuambushu, le gouvernement a lancé ce mardi 16 avril au matin une nouvelle opération à Mayotte. Cette fois-ci, elle est baptisée «Mayotte place nette» et doit durer onze semaines. Le ministère français des Outre-Mer, qui a communiqué sur le sujet dans la matinée, affiche toujours les mêmes objectifs : lutter contre l’insécurité, l’immigration irrégulière et l’habitat insalubre.
Quelque 1 700 gendarmes, policiers et militaires sont mobilisés. Une «centaine de renforts spécialisés […], notamment des policiers aux frontières et des officiers de police judiciaire […] vont nous aider à mener ce travail de précision», précise par ailleurs le ministère. En temps normal, 1 600 gendarmes et policiers sont déjà en poste sur ce petit archipel de l’Océan indien de 350 000 habitants, soit «plus que des villes comme Nice, Montpellier et Rennes réunies», précise le ministère.
Récit
Dans le cadre de ce dispositif, «60 individus [sont] particulièrement recherchés» et «1 300 bangas», de petites cases en tôle abritant souvent des migrants en situation irrégulière, devraient être détruits. C’est «deux fois plus que ce qu’a permis de faire Wuambushu 1», rapporte encore le ministère. Une enveloppe de 5 millions d’euros a été débloquée pour l’hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l’opération. Par ailleurs, selon des informations de France Info, un quatrième centre de rétention administratif a été créé pour l’occasion et sera mis en fonction d’ici la fin de semaine.
Recrudescence des violences
«Mayotte place nette» prend la suite de l’opération Wuambushu lancée au printemps 2023, qui visait déjà à lutter contre l’immigration illégale et la délinquance mais aussi à détruire les cases insalubres organisées en bidonvilles, de plus en plus nombreux sur l’île. Mais Wuambushu n’avait pas eu les résultats escomptés et une vague de violence inédite s’en était suivie. Des associations avaient également dénoncé une opération «brutale» et «antipauvres».
Témoignages
Courant février, un nouveau préfet a été nommé pour notamment préparer la suite, François-Xavier Bieuville. «Depuis un mois, nous faisons un travail de préparation avec les acteurs qui ont vécu Wuambushu 1. Nous en avons tiré des enseignements. Et nous avons fait venir des équipes de métropole pour structurer davantage les secteurs où nous avons pêché. Des renforts dans le domaine opérationnel, juridique, du conseil et de la planification viennent en renfort afin d’engager des moyens plus adaptés», a-t-il déclaré ce lundi.
Ces derniers jours ont été marqués par une recrudescence des violences à Mayotte, où les caillassages des automobilistes sont quotidiens, tout comme les affrontements entre bandes de jeunes de villages rivaux. L’entreprise gestionnaire du réseau de transport scolaire a notamment évoqué un «record» de caillassages la semaine dernière.