«Vous êtes des fous, mais je vais vous montrer que je suis plus fou que vous ! […] Tu crois que je suis Coluche ?» La cellule de Mohamed Amra, 30 ans, qui s’est évadé grâce à un commando le 14 mai lors d’un transfert entre la prison d’Évreux et le tribunal de Rouen, a été mise sur écoute entre 2022 et 2023. Nos confrères du Parisien et de BFMTV y ont eu accès.
Ces enregistrements révèlent qu’à cette période, Amra jouissait de conditions de détention très favorables. Il avait été placé sur écoute dans le cadre d’une enquête, car il était soupçonné d’avoir commandité un meurtre lié au narcotrafic à Marseille, depuis sa cellule à la prison de la Santé. Le contenu de ces écoutes démontre qu’Amra bénéficiait d’un téléphone portable, d’une chicha et qu’il était même en mesure de se faire livrer nourriture et colis en prison. En contact permanent avec son réseau, ce dernier lui fournissait tout ce dont il avait besoin : des téléphones de rechange, des cartes bancaires prépayées ou même du cannabis.
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Mohamed Amra continuait ainsi de gérer son réseau depuis son lieu de détention grâce à des applications de messageries chiffrées, comme Signal. Selon les enregistrements des enquêteurs, ses activités liées au trafic de stupéfiants l’ont amené à commanditer des extorsions, des enlèvements et des séquestrations avec demande de rançon. L’homme est aussi un adepte des «carottages» : des pièges pour voler les cargaisons de drogue de trafiquants rivaux, prétextant une fausse transaction. Il insultait également certains de ses associés, menaçait physiquement les mauvais payeurs et leurs proches. Il revendique par ailleurs avoir des liens avec la cité de la Paternelle - un point stratégique du trafic de drogue marseillais - et un contact en Colombie.
Selon les informations de nos confrères de BFMTV, Mohammed Amra a aussi tenté d’acheter des armes de guerre depuis sa cellule, des fusils d’assaut «tirant en mode rafale», en novembre 2022. Il en négociait le prix 6 000 euros pièce.
Un avis de recherche dans le monde entier
Invitée ce mardi 21 mai sur BFMTV, la procureure de Paris Laure Beccuau a affirmé que «les enquêteurs ont des pistes sérieuses» dans la traque de Mohamed Amra. Selon elle, les investigations menées sur le guet-apens meurtrier au péage d’Incarville (Eure) aboutiront à l’interpellation des suspects : «face à la détermination criminelle implacable des mis en cause, tous les enquêteurs restent mobilisés et le resteront le temps qu’il faudra, de même que les magistrats», a-t-elle affirmé.
Une notice rouge avait été diffusée par Interpol le 15 mai, pour localiser Mohammed Amra au lendemain de son évasion. Ces fiches nominatives permettent de transmettre des avis de recherche internationaux, émis par la justice d’un pays à l’encontre de suspects désignés sous le terme de «Wanted persons» (Personnes recherchées). L’objectif est de faciliter leur interpellation, notamment aux passages des frontières.