Lors de l’audience, il y a un mois devant le tribunal correctionnel de Lyon, elle avait dit regretter ses propos, «des grossièretés», «pas les mots d’une maman». Il y a d’autant plus matière à s’en mordre les doigts qu’ils valent désormais à l’influenceuse franco-algérienne Sofia Benlemmane une condamnation en justice. La Franco-Algérienne a été condamnée, ce mardi 15 avril, à 9 mois de prison avec sursis. Elle était poursuivie pour «menaces de mort» à l’encontre d’opposants au gouvernement d’Alger, formulées sur ses comptes TikTok et Facebook, qui comptaient quelque 350 000 abonnés avant leur suspension.
Le parquet avait requis un an de prison avec sursis. «La loi française vous autorise à vous exprimer en totale liberté, mais avec des limites», lui avait lancé le représentant du ministère public, dénonçant des «propos particulièrement graves, haineux, n’ayant aucune place dans une démocratie». «On lui prête une puissance intellectuelle, idéologique, et une influence qui ne sont pas les siennes», avait plaidé son avocat, Me Frédéric Lalliard, évoquant des «mots renvoyés à l’emporte-pièce» au cours de «discussions de gamines». «Les mots ont dépassé ma pensée. Quand on est énervé on dit des choses, vous savez bien», avait avancé Sofia Benlemmane.
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Dans le texte, en partie traduit par un interprète assermenté, les propos incriminés en arabe et en français donnaient : «Si Dieu le veut ils vont te tuer, te foutre à poil, ils vont niquer la chatte à ta mère» ; «Nous quand on dit qu’on attrapera quelqu’un pour le tuer, on le fera. Tu sais qu’on t’attrape, en Algérie» ; et «Je t’encule espèce de PD tu es en train de salir la religion musulmane». Ou encore, plus tard : «Au diable la race des juifs, au diable la race des traîtres.»
Sofia Benlemmane avait été interpellée en janvier, en même temps que d’autres internautes franco-algériens, pour ces menaces et a été placée sous contrôle judiciaire. Ce n’est pas la première fois que cette ancienne joueuse de football se retrouvait aux prises avec la justice. En 2001, elle a été condamnée à sept mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de stade pour avoir pénétré sur la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d’un match amical France-Algérie.
Concernant les autres influenceurs, «Zazou Youssef», poursuivi pour avoir appelé sur TikTok à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie, a été condamné fin février à Brest à 18 mois de prison ferme assortis d’une interdiction du territoire français pendant dix ans. «Doualemn» a lui été condamné en mars à Montpellier à cinq mois de prison avec sursis, après la diffusion d’une vidéo sur TikTok appelant à «donner une sévère correction» à un opposant au régime algérien.