La déflagration du mouvement #MeToo est venue bousculer l’institution judiciaire, accusée de moult défaillances. «Libération» a recueilli la parole de magistrats sur cette remise en question à marche forcée et la réponse pénale apportée aux violences sexuelles.
Une parquetière en section mineurs, région parisienne, 40 ans
«La grande difficulté, c’est la preuve»
«Depuis l’émergence de #MeToo, on traite beaucoup et mieux ces affaires dont nous débattons quotidiennement. Cette libération de la parole a poussé la justice à se remettre en question. C’est très positif, même si, depuis mon regard de juriste, la forme de procès social qu’elle peut prendre me dérange. On peut faire le procès de la justice et lui reprocher qu’elle soit lente, inaccessible, mais dans un état de droit, il y a un temps qui n’est pas réductible : celui de l’enquête et du contradictoire. La grande difficulté, c’est la preuve. D’autant plus des années après. Si on ne poursuit pas dans certains dossiers, c’est aussi parce qu’on sait que, derrière, les magistrats du siège n’entreront pas en voie de condamnation, faute d’éléments. La question du consentement est tout aussi centrale. Aujourd’hui, nous avons