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Diagnostic

Meurtre d’Aboubakar Cissé : une première expertise psychiatrique juge l’auteur irresponsable

La procureure de Nîmes a déclaré, ce jeudi 3 juillet, que le discernement d’Olivier H., principal suspect dans l’assassinat islamophobe du jeune Malien à la mosquée de La Grand-Combe, était aboli au moment des faits, en raison de troubles psychiatriques.
Une voiture de gendarmerie devant la mosquée Khadija de la Grand-Combe, le 27 avril. (MIGUEL MEDINA/AFP)
publié le 3 juillet 2025 à 14h49

Irresponsable. Une première expertise psychiatrique a conclu à l’abolition du discernement de l’homme qui a tué, en avril, Aboubakar Cissé, jeune Malien de 22 ans, dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard), a annoncé ce jeudi 3 juillet la procureure de Nîmes, confirmant des informations de presse. Olivier H., mis en examen pour «assassinat à raison de la race ou de la religion» et écroué le 9 mai, a été transféré depuis en unité spécialisée psychiatrique. Une deuxième expertise a été ordonnée.

Lors de sa première présentation au juge d’instruction pour sa mise en examen le 9 mai, il «n’avait pas été en mesure de faire des déclarations», avait à l’époque souligné la procureure. L’avocat du jeune homme, Adrien Gabeaud, avait de son côté évoqué dès ce moment des problèmes psychiatriques et indiqué demander une expertise.

«Schizophrénie aiguë»

Dans le cadre de l’instruction, Olivier H. a ensuite fait l’objet «d’une expertise psychiatrique concluant dans le cadre judiciaire à une irresponsabilité pour troubles psychiatriques ayant aboli le discernement au moment de la commission des faits», indique la procureure. «Une nouvelle expertise conjointe à deux experts a été mandatée par le magistrat instructeur», a précisé dans un communiqué Cécile Gensac.

«Cet avis ne constitue pas une surprise», a réagi Me Adrien Gabeaud. L’expert a émis «un diagnostic de schizophrénie aiguë et ancienne» sur son client, qui «entend des voix», a poursuivi l’avocat, pour qui la demande d’une deuxième expertise collégiale est «tout à fait conforme à la pratique».

D’après le code de procédure pénale, une personne dont le «discernement ou contrôle de ses actes» était «aboli» au moment des faits n’est «pas pénalement responsable». Si ce discernement est seulement «altéré», l’auteur peut être jugé. C’est la chambre de l’instruction de la cour d’appel qui prononce in fine une éventuelle décision d’irresponsabilité pénale.

Aboubakar Cissé a été frappé de 57 coups de couteau le 25 avril dans la salle de prière de la mosquée Khadidja, à La Grand-Combe, commune de moins de 5 000 habitants. Son meurtrier, âgé de 20 ans, s’est ensuite enfui en Italie, où il a fini par se rendre à la police, avant d’être transféré en France.

Le meurtre d’Aboubakar Cissé avait ravivé en France un débat autour du terme même d’islamophobie. Les avocats de la famille de la victime avaient souhaité, en vain, que l’enquête soit requalifiée en «assassinat terroriste».