Le motif terroriste sera-t-il finalement retenu par la justice ? Les avocats de la famille d’Aboubakar Cissé, violemment tué dans une mosquée à la Grand-Combe (Gard), annoncent à Libé vouloir déposer plainte pour assassinat à caractère terroriste vendredi 2 mai, confirmant une information de BFM TV et du Parisien. Depuis la mort du Malien de 22 ans, ses proches demandent que les investigations soient confiées au Parquet national antiterroriste (Pnat). Mais pour l’instant, seule une enquête pour assassinat, notamment en raison de la religion, a été ouverte lundi par le parquet de Nîmes.
«Cette plainte va permettre que des magistrats indépendants se prononcent sur la qualification de terrorisme dans ce dossier car jusqu’à maintenant seuls des procureurs soumis au pouvoir hiérarchique du ministre ont été amenés à se prononcer», soulignent Mourad Battikh et Yassine Bouzrou, les avocats de la famille, auprès de Libé. Avant d’ajouter : «Le Pnat semble exclure la possibilité qu’un attentat puisse avoir lieu dans une mosquée, c’est scandaleux».
Interview
Le drame, survenu vendredi 25 avril, a suscité l’émoi au sein de la communauté musulmane ainsi que d’une partie de la classe politique. Alors qu’il priait, Aboubakar Cissé a reçu des dizaines de coups de couteau. «Je l’ai fait… ton Allah de merde… je lui ai planté les fesses», a déclaré le suspect à sa victime, dans une vidéo qu’il a tournée au moment des faits puis publiée sur Snapchat. Arrêté en Italie, ce dernier a accepté mercredi d’être remis à la France. Il nie toujours avoir agi par haine de l’islam.
Un mode opératoire «choisi pour terroriser»
Dans la plainte avec constitution de partie civile adressée au doyen des juges d’instruction de Paris, Mourad Battikh et Yassine Bouzrou estiment que «le mode opératoire de cet assassinat a été choisi pour terroriser les personnes qui trouveraient son corps, qui auraient accès aux images de la vidéosurveillance et qui seraient informées des circonstances», écrivent-ils dans le document consulté par Libération.
En outre, ils précisent que le lieu du meurtre, un lieu de culte, souligne une «intention» de la part de l’assaillant «de troubler plus hautement l’ordre public en intimidant et terrorisant notamment les personnes de religion musulmane». Enfin, la vidéo filmée puis diffusée par le suspect «démontre» selon eux «son entreprise individuelle de terroriser le plus grand nombre de personnes possible». Et ce d’autant plus que, rapportent-ils, l’homme y menaçait de commettre d’autres actes similaires.