C’est une mère qui se tient droite, sur les marches du tribunal judiciaire de Dunkerque. Ce samedi 17 mai, elle demande justice pour son fils Djamel Bendjaballah, 43 ans, mort l’an dernier sous les roues de la lourde berline de l’ex-compagnon de sa compagne, membre d’un groupuscule d’extrême droite. La voix est ferme au micro : «Pendant trois longues années, Jérôme Décofour a fait de la vie de Djamel un enfer. Madame la procureure, garante de l’intérêt de la société, lui arrive-t-il parfois de penser à notre douleur, en ne retenant ni la préméditation ni la circonstance aggravante de crime raciste ?» Une mèche de cheveu noir s’échappe dans le vent, elle ne prend pas la peine de la replacer. Elle refuse de croire au crime passionnel, et conteste la qualification de meurtre retenue par la justice. Derrière elle, une banderole dit en grosses lettres : «Le racisme tue.»
C’était le 31 août 2024, à Cappelle-la-Grande, près de Dunkerque dans le Nord, la fin des vacances. Djamel Bendjaballah et sa compagne Vanessa reviennent d’un parc d’attractions à La Panne, à la frontière belge, avec les trois enfants de cette famille recomposée. La fille de Djamel, 10 ans, et le fils et la fille de Vanessa, 11 et 7 ans, qu’elle a eus avec Jérôme Décofour. Le couple est ensemble depuis trois ans, et depuis trois ans l’ex-compagnon de Vanessa harcèle Djamel. Toujours de manière indirecte, avec des petits cadeaux ramenés par les enfants, comme un saucisson pur porc marqué halal sur l’é