Un peu plus d’un an après le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé en pleine rue à Châteauroux en avril 2024, le procès du principal suspect s’ouvre ce lundi 26 mai. Conformément à la procédure, l’audience se déroulera à huis clos et sans accès presse, devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.
«Nous attendons que la justice soit ferme» et rende «une peine exemplaire», a martelé le père de l’adolescent, Christophe Marchais, fin avril, en amont d’une journée d’hommage à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes, dont les parents de Matisse. Le procès du suspect, un adolescent à présent âgé de 16 ans, doit se tenir jusqu’à mercredi devant le tribunal pour enfants de Châteauroux, préfecture de l’Indre de 43 000 habitants.
A l’origine des faits survenus le 27 avril 2024, «une battle de rap», selon le père de Matisse. «C’était une battle, classique, où ça se clashe. Matisse s’est moqué, l’autre l’a mal pris. Ils se sont battus, Matisse a eu le dessus», a-t-il raconté. Le principal suspect serait alors «rentré chez lui, puis est revenu avec un couteau, et il l’a planté». L’adolescent a succombé à ses blessures, après plusieurs coups de couteau, dont un ayant atteint directement le cœur.
Une instruction «très rapide»
«Les faits sont qualifiés de meurtre, punissables de trente ans de réclusion», mais «compte tenu de l’excuse obligatoire de minorité» en raison de l’âge du suspect, moins de 16 ans au moment des faits, il encourt une peine maximale de quinze ans de prison, a précisé David Marcat, le procureur de la République de Châteauroux, qui occupera la place du ministère public à l’audience.
L’instruction, qualifiée de «très rapide» par plusieurs observateurs, a notamment été accélérée par la détention provisoire d’un an déjà effectuée par le mineur, mais «sans prolongation possible» compte tenu de son âge, a détaillé le procureur. La mère du suspect, âgée de 37 ans au moment des faits, avait également été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Cette dernière aurait «asséné des gifles à la victime», comme l’avait alors écrit le parquet de Bourges, qui s’était saisi du dossier. Elle sera «prochainement jugée devant le tribunal correctionnel pour les faits qualifiés de violence sur personne vulnérable sans incapacité», a déclaré le procureur, sans pour l’heure communiquer la date du procès.
Récupération politique
Après le drame, la nationalité afghane du suspect et de sa mère, en situation régulière en France, avait conduit plusieurs figures de l’extrême droite à dénoncer la «politique migratoire» du gouvernement. Un «périmètre de tranquillité» sera donc mis en place autour du tribunal, assuré par une présence policière renforcée, pour éviter tout débordement et «garantir la sérénité des débats», a déclaré le préfet de l’Indre, Thibault Lanxade.
Toute honte bue
La douleur reste très vive dans la cité castelroussine à l’approche du procès. Des images de l’adolescent et de loutres, clin d’œil au surnom donné à Matisse par ses parents restaurateurs, décorent encore de nombreuses vitrines de commerçants. Il y a un an, une marche blanche avait réuni 8 000 personnes dans le centre puis trois jours plus tard, 2 000 personnes avaient participé à la cérémonie organisée au stade municipal.
Plusieurs centaines de personnes s’étaient aussi mobilisées fin avril lors de la journée hommage consacrée à l’adolescent, où le maire Gil Avérous (DVD) avait décrit «l’immense tristesse de toute une ville». «Aujourd’hui, parler aux jeunes est devenu notre idée, notre combat», a dit Christophe Marchais, quand la mère du jeune homme, Cécile Cacciatori, a dit «s’efforcer de transformer notre tristesse en immense bienveillance».