Trois adolescents ont été condamnés ce jeudi 2 octobre par le tribunal pour enfants de Dunkerque à des peines de 18 ans de réclusion criminelle pour l’un, et de 20 ans pour les deux autres pour avoir assassiné en avril 2024 Philippe C., 22 ans, sur un parking de Grande-Synthe (Nord). Le jeune homme avait été battu à mort lors d’un guet-apens.
Le verdict du tribunal pour enfants de Dunkerque est allé au-delà des réquisitions du parquet, qui avait requis plus tôt ce jeudi des peines des peines de 17, 18 et 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de ces trois jeunes, âgés de 14 et 15 ans au moment des faits. Ils étaient jugés à huis clos depuis lundi 29 septembre et encouraient 20 ans de réclusion criminelle maximum, et non la perpétuité, comme ils sont toujours mineurs.
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Philippe C. avait été pris pour cible sur un parking de Grande-Synthe la nuit du 16 avril 2024, frappé à la tête alors qu’il téléphonait, selon une source policière citant un témoin de la scène. Avant de prendre la fuite, ses agresseurs lui ont dérobé son portable. Philippe C. est mort peu après des suites de ses blessures.
Trois adolescents, dont deux cousins, avaient été interpellés rapidement après les faits puis mis en examen pour «meurtre avec guet-apens», ce qui revient à un assassinat, avant d’être placés en détention provisoire. Deux d’entre eux avaient déclaré en garde à vue avoir donné rendez-vous en pleine nuit à un homme, qu’ils assuraient être Philippe C., sur le parking d’une supérette via le site de tchat en ligne Cocoland, en se faisant passer pour une jeune fille mineure. Ils s’étaient justifiés de l’avoir agressé en estimant qu’il était «répréhensible» pour un homme majeur de répondre à une telle annonce, avait expliqué le parquet de Dunkerque en avril 2024.
Un acte de «barbarie»
La famille de Philippe C. souligne qu’il a été pris à partie «à tort», s’étant retrouvé au «mauvais endroit, au mauvais moment», selon l’avocate des 18 parties civiles, Me Anaïs Pascal. Une autre personne qui avait répondu à l’annonce est «immédiatement venue se dénoncer au début de la procédure», a-t-elle fait valoir lundi, au premier jour du procès.
L’avocate a décrit les accusés comme «extrêmement violents, avec des parcours de vie carencés», n’ayant «pas beaucoup d’empathie, si ce n’est pas du tout, pour les victimes». Elle a dénoncé un acte de «barbarie» : Philippe C. a été «massacré», avait-elle insisté.
Cette affaire avait provoqué beaucoup d’émotion à Grande-Synthe, où de nombreux habitants connaissaient le jeune homme, animateur dans les centres de loisirs de la ville qui souhaitait devenir kiné. Signes des tensions, le maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, avait dû lancer un appel au calme et renoncer à se rendre aux obsèques pour des raisons de sécurité, après des menaces de mort.