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Justice

Meurtre d’un chrétien irakien en fauteuil roulant à Lyon : le suspect remis à la France pourrait avoir eu des liens avec Daesh

Agé de 27 ans, le suspect avait été interpellé en Italie et remis à la France lundi. Il a été mis en examen ce mardi 28 octobre à Paris pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle» par le parquet national antiterroriste (Pnat).

Un policier à Lyon le 17 octobre 2025. (Albin Bonnard/Hans Lucas via AFP)
Publié le 28/10/2025 à 22h02

L’Algérien suspecté d’être l’auteur de l’assassinat d’un chrétien d’Irak en septembre à Lyon pourrait avoir entretenu des liens, au moins indirects, avec l’organisation Etat islamique (EI), selon des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance ce mardi 28 octobre.

Ashur Sarnaya, un réfugié politique handicapé, a été attaqué au pied de son immeuble dans la soirée du 10 septembre alors qu’il se trouvait dans son fauteuil roulant en train de faire un direct de plus de cinq heures sur TikTok. Son assaillant l’a frappé d’un violent et profond coup de couteau au cou, avant de s’enfuir à pied. L’Assyro-Chaldéen de 45 ans, qui a succombé à ses blessures, était très présent sur les réseaux sociaux où il postait des vidéos évoquant sa foi.

Le suspect remis à la France

Son agresseur présumé, un Algérien de 27 ans, a été interpellé en Italie le 2 octobre, puis remis en France lundi soir. Il a été mis en examen ce mardi à Paris pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste criminelle» par le parquet national antiterroriste (Pnat). L’exploitation de la téléphonie du suspect a révélé que le jour de l’assassinat il avait regardé le direct du chrétien irakien pendant une trentaine de minutes, non loin du domicile de la famille Sarnaya, selon des éléments de l’enquête révélés par Le Figaro, que l’AFP a pu se faire confirmer.

Le téléphone de Sabri B. bornait dans la zone des faits entre 21 h 15 et 22 h 50, avec des déplacements réguliers. Plusieurs témoins ont, dans le même temps, fait état de mouvements d’un homme suspect, semblant «roder» avant l’assassinat et qui a quitté les lieux en courant juste après. Un habitant du quartier a également raconté avoir constaté la présence d’un «homme maghrébin» au comportement suspect, dans les semaines précédentes.

D’après les autres éléments de téléphonie découverts, Sabri B. aurait eu des contacts, au moins indirects, avec l’organisation Etat islamique (EI). Des liens ont aussi été établis avec la Syrie, et de façon plus habituelle avec l’Algérie, son pays d’origine. Ce livreur de repas à domicile était inconnu des services de police spécialisés. A son actif : seulement des verbalisations liées à son scooter, repéré dans la zone des faits le jour et le soir de l’assassinat. L’enquête a été confiée le 9 octobre au pôle antiterroriste du tribunal de Paris, après le dessaisissement du parquet de Lyon.

La sœur du défunt a expliqué aux enquêteurs être arrivée en France en 2014 après avoir fui l’Irak avec son frère, à la suite de menaces dont il «était victime par des islamistes lui imposant la conversion ou la mort». Les investigations ont permis de montrer que Ashur Sarnaya, présenté par ses proches ou voisins comme une personne calme et pacifique, faisait l’objet de menaces en ligne, vraisemblablement par des extrémistes musulmans. A l’été 2025, un homme lui avait aussi lancé en face-à-face : «Nous t’avons à l’œil.»

«Montée des actes antichrétiens»

L’EI réalisait régulièrement des exécutions filmées, pendant le «califat» proclamé sur des territoires irako-syriens sous son contrôle de 2014 à 2019. Réagissant pour la première fois, Me David Andic, avocat de la famille d’Ashur Sarnaya et du Conseil de coordination des Assyro-chaldéens de France (CCACF), a déclaré à l’AFP que «ce n’est pas Ashur seul qui a été frappé, mais ce qu’il représentait : la chrétienté d’Orient, meurtrie depuis des siècles». «Les massacres que l’on croyait confinés aux minorités d’un Moyen-Orient martyrisé – du génocide [arménien, ndlr] perpétré par les Jeunes-Turcs aux exactions de l’Etat islamique – ressurgissent aujourd’hui, dans un effroi silencieux, sur le sol français», a-t-il affirmé.