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Ce que l'on sait

Meurtre d’un professeur d’université à Dunkerque : son épouse mise en examen pour «assassinat»

La procureure de la République de Dunkerque annonce ce vendredi 22 septembre la mise en examen de Justine Jotham. La romancière et conseillère municipale avait avoué la veille avoir tué son mari, l’universitaire Patrice Charlemagne.

Docteure et maîtresse de conférences en littérature, Justine Jotham figure parmi les enseignants-chercheurs de l’Université du Littoral Côte d’Opale, où enseignait également le défunt, Patrice Charlemagne, 51 ans. (J.F Rollinger/ONLYFRANCE.FR)
Publié le 21/09/2023 à 16h53, mis à jour le 22/09/2023 à 17h34

Elle avait alerté la police, déclarant avoir été victime d’un cambriolage fatal à son époux. Justine Jotham, romancière et conseillère municipale, a finalement avoué, jeudi 21 septembre, avoir tué le père de sa fille, l’universitaire Patrice Charlemagne, dans leur maison bourgeoise située près de Dunkerque (Nord), dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 septembre. Ce vendredi, elle a été mise en examen pour «assassinat» et placée en détention provisoire.

Que s’est-il passé ?

Le premier coup de fil a été passé aux alentours de quatre heures du matin. Justine Jotham, 37 ans, alerte la police, dit avoir été réveillée avec son époux par des cambrioleurs. Elle explique avoir quitté les lieux avec sa fillette de vingt mois et que son conjoint est, lui, resté dans leur habitation du quai aux Fleurs, dans le quartier résidentiel de Rosendaël, près de Dunkerque. Les forces de l’ordre interviennent et retrouvent Patrice Charlemagne dans une chambre au premier étage, frappé de plusieurs coups de couteau, au niveau de la carotide, du thorax et de l’abdomen. Malgré l’intervention rapide des secours, il succombe à ses blessures.

Deux couteaux ensanglantés, une paire de gants, une lampe torche et un ordinateur portable ont été saisis à proximité du domicile, selon une source policière. Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte lundi, confiée à la police judiciaire, la piste du cambriolage étant alors «en cours d’exploration», selon la procureure.

Pourquoi les enquêteurs ont-ils rapidement suspecté l’épouse de la victime ?

Justine Jotham, l’épouse de la victime, a été placée en garde à vue mercredi. «Après examen des témoignages, déclarations, constatations techniques et scientifiques», il s’agit alors de «confronter sa version des faits aux éléments recueillis dans l’enquête», selon la procureure de la République, Charlotte Huet. Elle est alors mise face à plusieurs éléments matériels suspects, selon une autre source proche de l’enquête.

Il y avait notamment «une entaille sur sa main gauche qui correspondait à celle d’un gant retrouvé sur place» et «l’analyse des smartphones qui laissait supposer des tensions dans le couple», ainsi que «des incohérences dans le récit des faits», précise cette même source.

Qui est la mise en cause ?

Docteure et maîtresse de conférences en littérature, Justine Jotham figure parmi les enseignants-chercheurs de l’Université du Littoral Côte d’Opale, où enseignait également le défunt, Patrice Charlemagne, 51 ans. Ce dernier était chef du département technique de commercialisation de l’IUT de l’université. De son côté, son épouse était élue depuis 2020 sur la liste du maire de Dunkerque, Patrice Vergriete – désormais ministre du Logement. Elle est également autrice jeunesse et à la tête d’une association culturelle de promotion de la lecture.

Sur sa page Facebook, elle affichait en janvier 2022 une image de bonheur familial après la naissance de leur fillette, par PMA. La mort de son époux, très investi dans la vie locale, avait suscité une pluie d’hommages sur les réseaux sociaux, et des messages de condoléances à son épouse.

«Notre ville a été touchée cette nuit par un terrible drame qui a coûté la vie à un Dunkerquois. Je veux dire ma profonde émotion et mon choc», avait notamment réagi lundi sur Facebook Patrice Vergriete, présentant ses «plus sincères condoléances» aux proches de la victime. A l’annonce de ses aveux, le directeur du cabinet du maire, Guillaume Vittu, a fait part de sa stupeur : «Ça nous a tous surpris, comme tout Dunkerque.»

Où en est l’enquête ?

Après deux jours de garde à vue, Justine Jotham a été mise en examen vendredi pour «assassinat» et placée en détention provisoire, a annoncé la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet. La mise en cause «a reconnu avoir porté des coups de couteau à son mari» lors de son interrogatoire et a «donné une explication à son geste», raconte la procureure, sans pour autant en dire plus pour le moment : «S’agissant du mobile, nous avons de premiers éléments aujourd’hui» qui «restent à explorer».

La magistrate a cependant précisé qu’aucune «plainte ou main courante dans la sphère conjugale» n’était parvenue au parquet et qu’«il n’y a pas de raison de penser que son discernement était altéré».

Mise à jour le 22 septembre à 18 h 15 : mise en examen et placement en détention provisoire de la suspecte.