«La haine transphobe et la violence n’ont pas leur place dans notre société et doivent être combattus sans relâche», déclare ce mercredi 10 juillet sur X (ex-Twitter) la DILCRAH, la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. La veille, une femme transgenre était poignardée dans le XVIe arrondissement de Paris, selon une information de BFM Paris, confirmée par Libération. Selon les premières déclarations du suspect aux policiers, elle aurait été tuée en raison de son identité.
Profonde indignation devant le meurtre de cette femme trans. Nos pensées vont à ses proches.
— DILCRAH (@DILCRAH) July 10, 2024
La haine transphobe et la violence n'ont pas leur place dans notre société et doivent être combattus sans relâche.
Toute la lumière devra être faite par la justice. https://t.co/encUrrxNXy
Ce mercredi, le parquet de Paris confirme auprès de Libération que «les services de police [ont trouvé] le corps sans vie de la victime, dont l’identité n’est pas confirmée à ce stade». Le suspect, un homme de 22 ans, s’est présenté mardi aux alentours de 10 heures au commissariat de Clamart (Hauts-de-Seine), déclarant avoir poignardé quelqu’un dans le XVIe arrondissement de Paris et indiquant le lieu aux policiers. Il a été placé en garde à vue et est toujours entendu à cette heure, selon le parquet.
Une enquête a été ouverte du chef de meurtre à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre de la victime. Les investigations ont été confiées au 1er district de la police judiciaire parisienne (DPJ). De source policière à Libération, les faits ont eu lieu aux alentours de quatre heures du matin dans la nuit de lundi à mardi. Dans son récit au commissariat, le mis en cause raconte qu’en apprenant la transidentité d’une escort girl avec qui il passait la soirée, un différend éclate. L’homme de 22 ans assène alors coups de poing et coups de couteau à la victime.
Tribune
Condamnations des politiques et des associations
Si l’Etat se positionne officiellement via les mots de la DILCRAH, faisant part de sa «profonde indignation» quant à ce meurtre, plusieurs personnalités politiques ont également réagi. «Une fois de plus un meurtre a été commis contre une femme trans, une fois de plus un meurtre a été commis sur une travailleuse du sexe. Cette fois, c’est le crime d’une escort girl trans dans le XVIe arrondissement dont il s’agit. Toute ma sympathie auprès de ses proches et de sa famille, toutes mes pensées pour elle», a par exemple écrit sur X la sénatrice écologiste de Paris Anne Souyris.
Elle dénonce par ailleurs «l’augmentation des discours transphobes, comme des propositions de lois de facto discriminantes [en référence à une proposition de loi LR adoptée au Sénat en mai, qui interdit les transitions médicales avant l’âge de 18 ans, ndlr], (qui) mènent à ces crimes de haine contre les personnes trans». Et Anne Souyris de souligner que la pénalisation des clients de prostitution rend toujours plus dangereuse l’activité du travail du sexe.
D’après une publication de son collègue Ian Brossat sur le même réseau social, la victime était connue sous le nom de Géraldine. «Commérons son souvenir et celui de toutes les victimes de la transphobie. Il faut mettre fin à ce fléau. Ne lâchons rien face à la haine», a déclaré le sénateur communiste de Paris. De son côté, l’adjoint à la maire de Paris David Belliard dénonce une «transphobie décomplexée dans les médias» et une «complaisance avec les haineux» transphobes qui «tue».
Géraldine, jeune femme trans, a été assassinée cette semaine dans le 16e arrondissement.
— Ian Brossat (@IanBrossat) July 10, 2024
Commérons son souvenir et celui de toutes les victimes de la transphobie.
Il faut mettre fin à ce fléau. Ne lâchons rien face à la haine. pic.twitter.com/6FfooItYyd
Au-delà des condamnations du monde politique, le monde associatif demande une véritable réaction de la part du gouvernement. Le STRASS, le syndicat du travail sexuel, a notamment fait la liste, sur X, de plusieurs travailleuses du sexe tuées à Paris depuis six ans : «Vanesa Campos, 36 ans, par balle, bois de B, 18/08/2018 ; Jessyca Sarmiento, fauchée par voiture, 38 ans, bois de B, 20/02/2020 ; Anissa, 26 ans, étranglée, 19e, 9/04/2021 ; Saba, 49 ans, rouée de coups, 19e, 8/11/2022 ; Encore non identifiée, poignardée, 16e, 9/07/2024».
Ce jeudi 11 juillet, des associations de défense des droits des personnes transgenres indiquent que la victime était une «travailleuse du sexe trans péruvienne de 30 ans» qui «travaillait comme escort pour aider financièrement sa mère et toute sa famille». Elle a été tuée dans son appartement dans le XVIe arrondissement de Paris par un homme qui aurait «expliqué à la police avoir paniqué et avoir été “trompé” en découvrant la transidentité de Géraldine», écrivent les associations.
Pour Inter-LGBT, si «la transphobie tue […], c’est le résultat de la panique morale et de la stigmatisation orchestrée par une partie de la classe politique française». L’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans, appelle ainsi, dans une publication sur X a «des mesures d’urgence». Un constat partagé par Sébastien Tüller, responsable LGBTI + à Amnesty International France : «Il est urgent de demander au prochain gouvernement de prendre des mesures fortes et ambitieuses pour mieux protéger les personnes trans ET les travailleur·euses du sexe dans notre pays.» Plusieurs associations de défense des droits des personnes transgenres, dont Acceptess-T, Prévention Action Santé Travail pour les transgenres (PASTT) et le Syndicat du travail sexuel (Strass) ont appelé à un rassemblement le 16 juillet à 18 heures sur le parvis des droits de l’Homme, place du Trocadéro.
Mise à Jour : 11 juillet, ajout de l’appel au rassemblement et de déclarations des associations de défense des droits des personnes transgenres.