Dans un pays où le «travelling est affaire de morale», selon le mot de Jean-Luc Godard, où l’emplacement d’une caméra peut faire l’objet d’une controverse idéologique, qu’en est-il des images de vidéosurveillance d’un studio d’enregistrement qui captent le 21 novembre un brigadier et deux gardiens de la paix blancs en train de passer à tabac un homme noir qui n’oppose aucune résistance ? Ces dernières semaines, un policier en a proposé une relecture en un montage pernicieux mais habile afin d’attester que la vidéo a été «montée, accélérée, orientée et mise en scène» par le site Loopsider qui a révélé les faits. Mediapart a pertinemment démonté cette version il y a une semaine. Cela n’a pas empêché les médias de droite plus ou moins dure (Valeurs actuelles, Causeur, le Point, CNews…) d’ouvrir leurs colonnes ou plateaux à ces assertions fantaisistes qui suggèrent en creux que Michel Zecler, le producteur de rap tabassé, avait quelque chose à cacher et que finalement, cette «arrestation» sauvage n’avait rien d’arbitraire. «Toutes les charges contre lui ont été abandonnées. On pensait que les images se suffisaient à elles-mêmes», déplore un de ses proches.
Un samedi d’h