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Mohamed Amra envisageait des opérations de chirurgie esthétique en Roumanie puis de s’enfuir en Colombie

Arrêté à Bucarest après neuf mois de cavale, le narcotrafiquant français avait déjà changé d’apparence, avec une barbe et des cheveux teints en roux. Gérald Darmanin espère son extradition «dans moins de dix jours». Une quinzaine de nouveaux suspects ont été interpellés ce lundi 24 février.
Mohamed Amra avait déjà changé d'apparence lorsqu'il a été arrêté par la police roumaine à Bucarest, le samedi 22 février 2025. (Daniel Mihailescu/AFP)
publié le 24 février 2025 à 7h30
(mis à jour le 24 février 2025 à 17h53)

Que faisait Mohamed Amra à Bucarest ? On a une petite idée du mobile qui aurait conduit le fugitif en Roumanie. A en croire le ministre de l’Intérieur roumain, Catalin Predoiu, interviewé dimanche soir sur France 2, le narcotrafiquant «voulait faire des opérations [de chirurgie] esthétiques» en Roumanie, et comptait «quitter le pays pour la Colombie». On n’en saura pas plus. Mohamed Amra, lui-même, a répondu dimanche à la question de sa présence en Roumanie lors de l’audience où il a été présenté à une juge roumaine. Selon le Parisien, il aurait simplement lancé : «Vacances !»

Côté certitudes, on sait que sa cavale a duré neuf mois. Qu’il s’est écoulé 48 heures entre son repérage à Bucarest et son arrestation. Les policiers roumains, mis en alerte par les enquêteurs français du départ à l’étranger de Mohamed Amra, l’ont «repéré» et arrêté vers 15 heures samedi près d’un centre commercial à Bucarest. Ils l’ont ensuite remis à la police roumaine chargée de la criminalité organisée. «En dépit du changement de coloration de ses cheveux, l’identification de l’intéressé est confirmée par une reconnaissance faciale et la comparaison d’empreintes digitales», a confirmé dimanche la procureure de Paris, Laure Beccuau.

Menotté et en veste de sport noire, Mohammed Amra a été présenté dimanche à une juge à Bucarest. Il «ne reconnaît pas les faits commis mais souhaite respecter la décision des autorités françaises qui veulent le juger», a déclaré son avocate Maria Marcu à la sortie de l’audience.

Lors d’un déplacement ce lundi à Annemasse (Haute-Savoie), le ministre de la Justice Gérald Darmanin a dit espérer le retour de Mohamed Amra en France dans «moins de dix jours». «J’espère que dans quelques heures, dans quelques jours, dans moins de dix jours, puisque la Roumanie aurait donné son accord pour le retour de monsieur Amra en France, nous puissions le présenter devant des magistrats français», a fait savoir le ministre de la justice.

Le parquet annonce 25 gardes à vues en cours en France

Dans la foulée de son interpellation, dix personnes de son entourage ont été arrêtées «samedi puis dans la nuit», a indiqué la procureure de Paris. Elles «sont suspectées d’avoir participé à la préparation, à l’exécution de l’évasion mais également d’avoir favorisé la dissimulation du fugitif». La magistrate n’a pas précisé le lieu des arrestations. Selon une source policière, il y a notamment eu «des interpellations samedi et dimanche à Rouen et Evreux». «Des armes ont été trouvées lors des perquisitions», a précisé cette source.

Lundi, les forces de l’ordre ont procédé à l’interpellation d’une quinzaine de nouveaux suspects. En fin de journée, le parquet a indiqué que 25 gardes à vue ont eu lieu depuis le début des opérations parmi lesquelles trois avaient déjà été levées. Dans la liste des suspects figurent 7 femmes, 18 hommes, dont 2 mineurs. Tous sont âgés de 16 à 37 ans.

«Les investigations ont permis d’établir qu’autour de Mohamed Amra existait le déploiement d’une organisation criminelle déterminée», a souligné la procureure. Avant de lister : «Spécialisation des équipes, repérage, équipes de voleurs, équipeurs de logisticiens, équipe de guetteurs, l’équipe du commando». D’après Christian Sainte, directeur national de la police judiciaire, 150 membres de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) ont été mobilisés sur ces interpellations.

Dimanche sur son compte X, Gérald Darmanin a publié une lettre adressée aux agents pénitentiaires, leur promettant des améliorations dans leurs conditions de travail, notamment par la mise en place d’une prison «de haute sécurité» et d’une «police pénitentiaire». Cette prison destinée à mettre à l’isolement total les «100 plus gros narcotrafiquants» doit voir le jour d’ici au 31 juillet. Le ministre souhaite également la création d’un régime de détention exceptionnel, «inspiré des lois italiennes anti-mafia», pour «les détenus les plus dangereux afin que jamais plus une affaire Amra ne soit possible», a-t-il rappelé dans sa lettre.

«Vous êtes une force essentielle à la paix et à la sécurité de notre pays», a-t-il aussi écrit, redisant sa «reconnaissance» pour leur «engagement quotidien» malgré la «surpopulation carcérale», les «moyens insuffisants», les «locaux vétustes» et le «besoin constant d’équipements et d’armement adaptés aux risques».

Mis à jour : à 17 h 50 avec les dernières déclarations du parquet de Paris.