Mohamed Amra va déposer plainte «d’ici vendredi», indique ce mercredi 2 avril à Libération son avocat, Me Benoît David, confirmant une information de RTL. Le narcotrafiquant dénonce des violences qu’il aurait subies le lundi 24 mars après-midi, lors de son retour de promenade, de la part de plusieurs surveillants pénitentiaires de sa prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).
Selon l’avocat, qui a vu son client le vendredi 28 mars et s’en fait aujourd’hui le porte-voix, Mohamed Amra a été mis au sol par trois agents dans une cellule. «A son retour de promenade, les surveillants lui auraient demandé de se coucher sur le ventre et là un surveillant lui aurait «écrasé» le pied», écrit à Libé Me Benoît David. D’après l’avocat, le narcotrafiquant a le pied gauche dans le plâtre. Une source proche du dossier évoque de son côté une attelle.
Pas de commission de discipline
De source pénitentiaire : «Comme [Mohamed] Amra est menotté à chaque mouvement, il a eu un geste un peu brusque qui a été perçu comme déplacé.» Cette même source défend pour sa part une action tout à fait légitime, «comme on l’aurait fait avec n’importe qui». Sollicitée à propos de l’incident, l’administration pénitentiaire relate quant à elle : «Le 24 mars en milieu d’après-midi, alors qu’il était réintégré dans sa cellule à l’issue d’une fouille, la personne détenue Mohamed Amra a opposé une résistance aux agents avant de porter deux coups de pied dans une grille de sa cellule.» Il se serait ainsi blessé seul. Les services du ministère de la Justice ajoutent que le détenu, après s’être plaint de douleurs, a été reçu en consultation par l’unité médicale présente au sein des établissements pénitentiaires le jour même pour traiter une «blessure légère». Selon nos informations, aucun surveillant n’a pour l’heure fait l’objet d’une commission de discipline.
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Une requête en référé-liberté a par ailleurs été déposée par les avocats de Mohamed Amra pour avoir accès à la vidéosurveillance du centre pénitentiaire. Ce mercredi, Me Benoît David dénonce des «caméras piétons [qui] ne fonctionnaient pas» lors de l’incident.
Après neuf mois de cavale, Mohamed Amra avait été interpellé à Bucarest le 22 février, puis remis à la France. Son évasion au péage d’Incarville (Eure) le 14 mai 2024 avait conduit à la mort de deux agents pénitentiaires et trois autres avaient été blessés. Dans cette affaire, au moins 35 personnes sont mises en examen. Certains suspects sont soupçonnés d’appartenir à la «Black Manjak Family», présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants avec de possibles liens avec le rappeur Koba LaD.