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Justice

«Moi je suis mort le 2 février 2017» : la cour d’assises saisie par la détresse de Théo Luhaka

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Au cinquième jour du procès qui se tient à Bobigny, l’homme de 29 ans handicapé à vie après le coup de matraque d’un policier a plongé la salle d’audience dans son abîme de souffrance lors de son audition.
Théo Luhaka, au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le 9 janvier. (Denis Allard/Libération)
publié le 16 janvier 2024 à 10h48

Pendant des heures et des heures, il était resté assis à côté de ses avocats et de sa famille, contenant ses émotions, écoutant silencieusement les débats. Lundi 15 janvier, au cinquième jour du procès des trois policiers Tony H., Jérémie D. et Marc-Antoine C., la détresse de Théo Luhaka a fait irruption dans la salle de la cour d’assises de Seine-Saint-Denis. Un peu avant 18 heures, celui dont le nom est devenu l’un des symboles des violences policières en France s’est avancé, d’un pas pénible pour témoigner. Dans sa doudoune rouge vif, agrippé à la barre, il a raconté ses souffrances, son abandon de lui-même. Il a détaillé la désertion d’un corps blessé qu’il ne parvient pas à accepter, depuis que l’agent Marc-Antoine C. lui a perforé les marges de l’anus avec une matraque, le 2 février 2017, à Aulnay-sous-Bois. «Aujourd’hui je fais pas grand-chose, je suis à la maison et je suis handicapé», élude dans ses premiers mots à la cour celui qui rêvait de devenir footballeur professionnel.

Premiers mois dans le «déni»

Son état psychologique a été détaillé à la barre quelques instants auparavant, par deux expertes. «Il est dépressif plus plus», résume en une formule la psychologue Corinne Descamps, qui est la dernière à l’avoir rencontré, avant l’ouverture du procès, en décembre 2