Au lendemain de l’annonce de la mort du streamer français Jean Pormanove, ou «JP», la justice poursuit ses investigations pour déterminer la cause de son décès. Le quadragénaire, de son vrai nom Raphaël Graven, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Contes, au nord de Nice, après environ 300 heures de diffusion vidéo en direct où il est violenté et humilié par deux partenaires connus sous les pseudos de «NarutoVie» (Owen Cenazandotti) et «Safine» (Safine Hamadi).
Le parquet de Nice, qui a ouvert une enquête pour «recherche des causes de la mort», fait savoir ce mercredi 20 août qu’une autopsie du corps de Jean Pormanove aura lieu jeudi. Le procureur, Damien Martinelli, précise avoir réalisé plusieurs «auditions de personnes présentes au moment du décès» ainsi que «de nombreuses saisies de matériels et vidéos».
«Personnes susceptibles d’être vulnérables»
Le magistrat revient aussi en détail sur l’enquête ouverte il y a déjà plusieurs mois, après la publication d’un article de Mediapart en décembre, qui avait braqué la lumière sur les sévices subis par «JP» ainsi que d’un autre homme, surnommé «Coudoux». Sur ces vidéos, «des personnes susceptibles d’être vulnérables faisaient l’objet de violences et d’humiliations parfois encouragées par des versements d’argent des spectateurs», déroule le procureur de Nice. Comme précise un article du Monde, «NarutoVie» et «Safine» prenaient régulièrement pour cible l’ancien militaire en direct, en lui infligeant des claques sur la tête, en lui assénant des coups à la gorge ou encore en l’étranglant.
Cette première enquête confiée au service local de police judiciaire (SLPJ) de Nice avait été ouverte pour les chefs de «provocation publique par un moyen de communication électronique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur handicap», «violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours» et «diffusion d’enregistrements d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne».
Dans le cadre de cette procédure, les deux influenceurs soupçonnés d’être à l’origine des violences contre le streamer, Owen Cenazandotti et Safine Hamadi, avaient alors été interpellés le 8 janvier 2025, tout comme deux autres hommes nés en 1998 et 2002, dont on ignore encore l’identité. Après avoir été placés en garde à vue et entendus par les enquêteurs, «Naruto» et «Safine» étaient finalement ressortis libres.
Décryptage
«JP» et «Coudoux» avaient également été entendus, et avaient contesté lors de leurs auditions «être victimes de violences». Selon le parquet de Nice, les deux souffre-douleurs avaient assuré «que les faits s’inscrivaient dans des mises en scène visant à faire le buzz pour gagner de l’argent». «L’un et l’autre indiquaient n’avoir jamais été blessés, être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions et refusaient d’être examinés par un médecin et un psychiatre», ajoute le procureur.
Ainsi, «tant les personnes susceptibles d’être mises en cause que celles d’être victimes contestaient la commission d’infractions», développe le procureur de Nice. Les mesures de gardes à vue avaient alors été levées, tandis que les investigations se poursuivaient, notamment par «les auditions d’environnement des intéressés» et l’exploitation «de la très grande quantité de vidéos et matériels saisis».
«Aucune responsabilité»
Mardi, après la mort du streamer, l’avocat de «NarutoVie», Me Yassin Sadouni, a de nouveau assuré dans un communiqué que son client n’avait «aucune responsabilité dans ce décès» et qu’il «se tenait à la disposition» des enquêteurs. L’avocat a également annoncé son intention de déposer plainte à la suite d’une «campagne de cyberharcèlement» dont son client ferait l’objet suite à cette affaire.
Ce mercredi matin, la plateforme australienne Kick, qui diffusait les vidéos des sévices de Jean Pormanove, a par ailleurs annoncé sur X que «tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l’attente de l’enquête en cours».