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Libération
Dédouanement

Mort de Jean Pormanove : la ministre du Numérique dénonce le «Far West numérique» et souligne la responsabilité de Kick

Mise en cause après la mort en direct du streamer de 46 ans, Clara Chappaz assure ce vendredi 22 août avoir «pris cette affaire au sérieux» mais répète «qu’une ministre ne peut pas décider de fermer un site».
Clara Chappaz, à Paris, le 17 juin 2025. (Alain Jocard/AFP)
publié aujourd'hui à 10h44

L’Etat, par le biais de la ministre au Numérique, a-t-il failli ? Depuis plusieurs jours, Clara Chappaz, est critiquée pour son manque de réaction dans l’affaire Jean Pormanove, alors que la situation dans laquelle se trouvait le streamer de 46 ans lui avait été signalée dès décembre dernier, lors de la publication d’un article de Médiapart. Ce vendredi, quatre jours après la mort en direct de JP, victime d’humiliations physiques et psychologiques dans des vidéos diffusées en ligne, la ministre s’est dédouanée en écartant au micro de France Info tout dysfonctionnement dans cette affaire pour laquelle «la réalité a dépassé la fiction».

Clara Chappaz répète ainsi que «dès les premiers signalements de Médiapart», la justice avait ouvert une enquête «seulement 3 jours après». L’Arcom, le régulateur du numérique, avait également été saisie à cette date, et avait «alors commencé à travailler sur le sujet», selon Clara Chappaz.

La ministre se défend ensuite de toute responsabilité et assure avoir «pris cette affaire au sérieux». Mais ce n’est pourtant qu’après la mort du streamer, en début de semaine, que Clara Chappaz a décidé de saisir l’Arcom à son tour et d’effectuer un signalement sur Pharos, le service de lutte contre la violence en ligne. Ses détracteurs, dont certains appellent à sa démission, affirment que si la ministre avait pris le dossier en main dès décembre, il aurait pu atteindre le haut de la pile de dossiers du régulateur du numérique, permettant des mesures rapides. Un point que la ministre n’a pas évoqué.

L’Arcom a pourtant les pouvoirs de demander à une plateforme de retirer un contenu problématique, et de saisir la justice ainsi que la Commission européenne pour demander le blocage d’un site.

Mais Clara Chappaz a déploré «qu’il n’y ait pas de bouton rouge», et que «la réalité est qu’on ne peut pas décider, en tant que ministre, de fermer un site». «Ce Far West numérique doit cesser», souligne-t-elle, en évoquant notamment aussi l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans.

Chez Kick, des personnes «avachies à l’autre bout du monde»

Clara Chappaz s’en prend par la suite directement à Kick, la plateforme de streaming concurrente de Twitch sur laquelle étaient retransmises les lives de «JP», de son vrai nom Raphaël Graven. La ministre assure avoir échangé avec les responsables de cette plateforme fondée en 2022 en Australie, des personnes «à l’autre bout du monde, en visio, avachis, et qui ne prennent absolument pas la mesure de ce qu’il s’est passé et qui n’ont aucune réponse à [ses] questions». Selon elle, les responsables assurent pour leur défense que le streamer était «consentant» et qu’il s’agissait «de mises en scène».

Par ailleurs, Clara Chappaz regrette que sur les 75 personnes en charge de la modération au sein de la plateforme, «aucune ne parle français». Une faille évidente selon la ministre, qui rappelle que dans plusieurs vidéos, le streamer avait répété qu’il voulait que tout «cela cesse» et avait demandé à appeler les secours.

La ministre chargée du Numérique déclare enfin qu’une enquête est toujours en cours, «et qu’elle ira au bout», tout en répétant que «l’Arcom est également saisie pour faire la lumière sur la responsabilité de cette plateforme». «Si nous avons la preuve que la plateforme est responsable, il y aura des sanctions», menace-t-elle, sans dire lesquelles.