Dans les couloirs du palais de justice, avant qu’il n’enfile sa robe noire, on distinguait d’abord son chapeau feutre et son éternel nœud papillon. Durant plus d’un demi-siècle, Jean-Pierre Versini-Campinchi a ferraillé dans les prétoires, où a longtemps résonné sa voix rauque de fumeur de cigares. L’infatigable bretteur, encore le nez dans les dossiers jusque très récemment, s’est éteint jeudi 12 octobre à 83 ans, comme l’a annoncé Marianne.
Mère antillaise, père corse, enfance picarde, vie parisienne, l’avocat issu d’une culture de gauche n’a jamais cessé de mettre en avant son histoire métissée et bigarrée, ces identités multiples indissociables pour lui de ses combats judiciaires. Après avoir commencé sa carrière comme civiliste, Versini-Campinchi a fini par se faire une place parmi les grands pénalistes, naviguant entre les scandales politico-financiers, les ventes d’armes et les procès d’assises retentissants. Son nom reste associé à plusieurs affaires emblématiques.
Fait d’armes
En octobre 2000, le tribunal correctionnel de Paris juge l’affaire dite Gifco, obscur bureau d’études soupçonné d’être au cœur d’un financement occulte du Parti communiste, alors dirigé par Robert Hue. L’avocat, qui défend les cocos du Gifco, sent que le procès tourne mal avec une présidente très offensive. Juste a