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Justice

Mort de Lola retrouvée dans une malle à Paris : la principale suspecte mise en examen

Meurtre de Lola à Parisdossier
Après la découverte du corps de l’adolescente de 12 ans dans une malle dans le XIXe arrondissement de Paris vendredi, une femme de 24 ans est mise en examen. Elle présenterait de «potentiels troubles psychiatriques».
Des fleurs et des messages lors d'un rassemblement en hommage à Lola, ce dimanche à Paris. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 17 octobre 2022 à 10h44
(mis à jour le 17 octobre 2022 à 21h13)

La principale suspecte est désormais mise en examen et aurait agi seule. Dahbia B., une personne sans domicile fixe de 24 ans, avait été entendue ce lundi par un juge d’instruction, avec un autre homme après la découverte macabre trois jours plus tôt du corps d’une jeune fille, Lola, 12 ans, dans une malle en plastique en plein XIXe arrondissement de Paris. En début de soirée, la principale suspecte a également été placée en détention provisoire par une juge des libertés. Une information judiciaire avait été ouverte, plus tôt dans la journée, pour meurtre sur mineure de moins de 15 ans en lien avec un viol commis avec actes de torture et de barbarie et recel de cadavre, précise une source judiciaire auprès de Libération.

A l’issue du débat à huis clos, l’avocate de Dahbia B, Me Alexandre Silva a tenu à couper court aux différentes rumeurs qui planent autour de l’affaire. Tout en adressant «malgré [sa] qualité d’avocat de la défense », ses pensées «à la famille de la petite Lola, aux parents de la petite Lola». «Je n’ai pas idée bien évidemment du traumatisme et de l’horreur que ceux-ci peuvent traverser actuellement», a-t-il ajouté. Avant de se pencher sur le cas de sa cliente : «actuellement, je trouve absolument inhumain de laisser circuler des rumeurs qui ne sont pas vérifiées, qui ne sont pas discutées, qui n’ont à aucun moment été dans la procédure et d’accabler ainsi (la famille de Lola) avec deux choses qui n’ont jamais eu lieu et qui ne sont absolument pas envisagées», a-t-il poursuivi balayant les hypothèses de trafic d’organes ou de «rituels sur des enfants».

Selon le récit de BFMTV, Dahbia B. aurait donc agi seule, attirant Lola dans l’appartement de sa sœur avant d’abuser d’elle. Bâillonnée, la jeune fille aurait alors succombé à une asphyxie, avant qu’on ne lui assène une multitude de coups de couteau et de ciseaux. Des détails morbides que l’enquête devra confirmer : le profil de la principale suspecte, instable psychologiquement, ne peut permettre d’être affirmatif à cette heure.

Vendredi en milieu d’après-midi, Lola quitte son collège, Georges-Brassens, du XIXe arrondissement de Paris pour rentrer chez elle, à trois minutes à pied. Passé 15h30, sans nouvelles, ses parents s’inquiètent, interrogent des voisins puis préviennent rapidement la police. Le père de Lola, gardien de l’immeuble situé rue Manin, a le réflexe de regarder les images de vidéosurveillance de la journée. Il voit sa fille dans le hall accompagnée d’une jeune femme, d’environ une vingtaine d’années. Immédiatement, la mère lance un appel à témoins sur les réseaux sociaux, qui restera sans réponse.

«Meurtre gratuit» ?

Vers 23h20, un équipage de police croise une personne sans abri qui explique avoir trouvé une malle en plastique. A l’intérieur, le corps plié de Lola, sous un tas de linge. Elle est morte asphyxiée avant d’avoir été transpercée par des coups de couteau. Rapidement, la police judiciaire s’empare de l’enquête. Dès le lendemain, six personnes sont placées en garde à vue, dont une femme, interpellée le matin à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). A ce jour, elle est la principale suspecte du meurtre de Lola.

Selon des informations du Parisien, il s’agirait de Dahbia B., une personne sans domicile fixe de 24 ans. C’est elle qui apparaît sur les images de vidéosurveillance de l’immeuble. Si aucun mobile ne se dégage pour le moment de l’enquête, Dahbia B. présenterait de «potentiels troubles psychiatriques». Une information qui devra être confirmée par l’expertise qui aura bientôt lieu mais qui laisse penser à l’éventualité d’un «meurtre gratuit». A ce propos, l’avocate de la suspecte a assuré, lundi soir, que «cette irresponsabilité pénale qui va être soulevée au cours de l’instruction est une procédure habituelle en matière criminelle» et qu’«il n’y a pas lieu d’en déduire en l’état, quoi que ce soit».

Un témoin qui aurait croisé Dahbia B. le soir des faits rapporte que la femme d’origine algérienne lui aurait demandé de l’aide pour une affaire en lien avec un trafic d’organes. Une information dont l’importance est pour l’instant difficile à mesurer. Par ailleurs, selon le Monde, la sœur de la suspecte a aussi été placée en garde à vue. Elle habite dans la résidence Manin, tout proche de la famille de Lola, dans le XIXe arrondissement.

L’enquête ne dit pas encore précisément si Dahbia B. connaissait ou non Lola. Ni dans quelles circonstances elles se sont croisées. S’agissait-il d’une rencontre fortuite ? Ou le meurtre a-t-il été prémédité, préparé ? Des inscriptions ont été retrouvées sur le corps de Lola, sur ses pieds plus précisément. Une série de chiffres, des 1 et 0, qui se succèdent. Impossible de savoir s’il s’agit d‘une piste ou d’un délire sans signification.

Cellules psychologiques dans les écoles

Dimanche, un rassemblement a été organisé en hommage à Lola. Des bougies et des messages ont été déposés. Dans le quartier, c’est désormais la peur qui domine, surtout chez les parents d’adolescents. «On voulait lâcher la nounou mais on va la garder finalement», expliquait Olivier, un voisin, à Libération. Depuis, la fédération des conseils de parents d’élèves du XIXe arrondissement s’est organisée pour soutenir élèves et parents.

Une cellule psychologique est mise en place au collège Georges-Brassens et une psychologue va venir visiter toutes les écoles maternelles et primaires du secteur dans la semaine. Les journalistes sont par ailleurs invités à ne pas approcher du collège pour laisser les élèves en paix. Selon les informations de Libération, une cellule psychologique sera mise en place dès mardi par la mairie du XIXe, à l’espace Pierre Girard, pour toute personne en ressentant le besoin.

Mise à jour : à 21 h 13, avec la prise de parole de l’avocat de Dahbia B.