Nouveau point d’étape dans l’enquête. Un rapport de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) versé au dossier au mois de novembre met une nouvelle fois en cause la version des policiers après la mort du jeune Nahel le 27 juin dernier, d’après des informations publiées par RTL ce mercredi 20 décembre.
Dans son analyse, la police des polices estime qu’au moment où la Mercedes jaune redémarre, juste avant le tir mortel du policier mis en cause Florian M., l’agent n’est pas «directement menacé». Comme observé sur les différentes vidéos publiées au moment du drame sur les réseaux sociaux, Florian M. se trouve à gauche du véhicule, à 40 centimètres d’un muret, et a donc la place de reculer en cas de mouvement brusque de la voiture.
Enquête
De plus, lors d’une nouvelle audition, les juges d’instruction de Nanterre ont noté auprès du policier de 38 ans que l’«on ne voit à aucun moment le véhicule dévier sur la gauche au moment où il redémarre». Une affirmation qui contredit donc les premières déclarations des forces de l’ordre. Ces derniers auraient menti dans leur rapport d’intervention, précisant que la Mercedes leur «fonçait dessus» au moment du tir.
Interrogé à ce sujet, le collègue de Florian M., placé sous le statut de témoin assisté pour complicité de meurtre, explique avoir vu Nahel placer sa main gauche sur le volant, comme pour braquer dans ce sens. «J’ai eu peur qu’il fasse une embardée sur la gauche et qu’il nous coince contre le mur, a-t-il dit lors de la confrontation avec Florian M. La voiture, c’est une arme par destination.»
«Deux coups de crosse sur la tête de Nahel»
Plusieurs témoins de la scène mentionnaient aussi des coups portés par Florian M. au visage de l’adolescent. Devant l’IGPN, pour la première fois, les passagers de la voiture corroborent cette version et évoquent «deux coups de crosse sur la tête de Nahel». Le passager de devant parle également d’un «troisième coup de crosse», qui aurait atteint le nez de Nahel. Lors d’une ancienne audition, la mère de Nahel avait affirmé avoir trouvé son fils «défiguré». Si le rapport d’autopsie fait état de «deux ecchymoses au bras gauche» faisant penser à des blessures de défense, Florian M., a affirmé aux juges d’instruction n’avoir «porté aucun coup» à Nahel. Il a expliqué avoir frappé le pare-brise avec son arme «afin d’attirer l’attention du conducteur».
Justice
En revanche, concernant les éventuelles menaces de mort adressées à l’adolescent, avec les phrases «Je vais te mettre une balle dans la tête», toujours nié par Florian M. ainsi que «Shoote le !», l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) n’a toujours pas rendu son expertise. Plusieurs témoins affirment avoir entendu «balle dans la tête» et «shoot». Florian M. reste sur sa version et assure avoir prononcé les mots «Coupe-le», en référence au moteur. Devant l’IGPN, son collègue concède entendre sur une vidéo les mots «balle dans la tête» mais nie les avoir prononcés.
Florian M. a été remis en liberté le 15 novembre dernier après presque cinq mois en détention provisoire. Le policier avait été mis en examen pour meurtre et placé en détention deux jours après les faits. Le policier reste placé sous contrôle judiciaire avec une interdiction d’entrer en contact avec les témoins et les parties civiles, de se rendre à Nanterre et de détenir une arme. Aucune date n’a encore été avancée pour un éventuel procès.