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Justice

Mort de Nahel : une reconstitution ce dimanche à Nanterre

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
Pour la première fois, les différentes parties seront confrontées à leur déposition sur les lieux mêmes où le garçon est mort, le 27 juin 2023, déclenchant plusieurs nuits d’émeutes dans toute la France. La date d’un éventuel procès n’est pas encore connue.
Nahel Merzouk est mort le 27 juin 2023, après avoir reçu une balle tirée à bout portant par un policier, à Nanterre. Capture d'une vidéo amateur. (Capture d'une vidéo/Capture d'écran vidéo)
publié le 5 mai 2024 à 5h59

Près d’un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, la justice réunit ce dimanche les principaux protagonistes du dossier pour une reconstitution des faits. Le policier mis en examen pour homicide volontaire et son collègue présent lors du tir, des témoins… «Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c’est un moment fort», souligne auprès de l’AFP Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel.

La diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant un policier tirant sur l’adolescent de 17 ans à bout portant lors d’un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d’émeutes violentes. A travers la France, les incendies de bâtiments publics et d’infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d’euros, selon le Sénat. Depuis, des enquêtes, notamment journalistiques, ont mis en lumière plusieurs affaires de violences policières, comme la mort de Mohamed Bendriss à Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet après avoir croisé des policiers du Raid : Libération et Mediapart racontaient notamment, via le truchement d’une vidéo, comment cet homme de 27 ans est mort alors qu’il ne représentait aucun danger pour le Raid.

A Nanterre, non loin du rond-point où Nahel a été tué et où aura lieu la reconstitution, certains bâtiments en portent encore les traces. L’enquête sur sa mort, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l’usage de l’arme à feu était légitime. Une première version policière, selon laquelle l’adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

«L’information judiciaire a progressé»

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire. Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil. Les juges qui en ont décidé avaient reconnu qu’il existait encore «des divergences entre les différentes versions données», mais que «le risque de concertation» apparaissait désormais, «dans cette configuration, moins prégnant» et «ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre».

«L’information judiciaire a progressé», les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats. Ils soulignent également que «si le trouble à l’ordre public demeure», «il est moindre qu’à la date du placement en détention provisoire». La date d’un éventuel procès n’est pas encore connue.

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l’élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s’étaient rendues dans le calme. «Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes», avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d’euros en soutien à la famille du policier. «Ce policier va retrouver sa famille et moi ? Je n’aurais plus rien à fêter avec mon fils. Ni Noël, ni le premier de l’An, ni notre anniversaire, alors qu’on est nés le même jour», disait-elle au micro lors du rassemblement, où Libération s’était rendu. «Elle est très stressée, ça ravive de mauvais souvenirs», estime Me Boudi, son conseil.

L’avocat de Florian M. n’a pas donné suite aux sollicitations de l’AFP.