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Justice

Mort de Zakaria à Romans-sur-Isère : un père et ses deux fils poursuivis pour «meurtre avec préméditation»

Dans l’affaire de la mort d’un adolescent de 15 ans mardi 9 avril dans la Drôme, quatre personnes ont été placées en garde à vue. Un père de famille est soupçonné d’avoir organisé une «expédition» punitive dans un quartier sensible de Romans-sur-Isère.
Le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, le 10 avril 2024. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 12 avril 2024 à 8h58

Meurtre avec préméditation. L’enquête sur la mort de Zakaria, adolescent de 15 ans, tué d’un coup de couteau mardi 9 avril à Romans-sur-Isère en s’interposant dans une altercation, a été requalifiée après le placement en garde à vue jeudi d’un père et de ses deux fils. Le père, soupçonné d’avoir organisé une «expédition» à l’origine du drame, et son fils mineur se sont rendus à la police dans la soirée, a indiqué dans un communiqué le procureur de Valence Laurent de Caigny.

Quelques heures plus tôt, un autre fils, âgé de 27 ans et soupçonné d’être l’auteur du coup de couteau mortel, s’était lui aussi présenté à la police, ce qui porte à quatre le nombre de gardés à vue, un homme soupçonné de les avoir aidés à fuir ayant été interpellé la veille. «L’ensemble des suspects» sont «désormais arrêtés» et l’enquête, d’abord ouverte pour «homicide volontaire», se poursuit «sous la qualification d’assassinat, c’est-à-dire de meurtre avec préméditation, crime puni de la peine perpétuelle», a précisé le procureur.

«Mon fils n’a rien à voir avec ça»

Selon son communiqué, le père est soupçonné d’avoir organisé «l’expédition de sa famille» dans le quartier sensible de la Monnaie à la recherche d’un mineur avec lequel son plus jeune fils «avait eu un différent violent et filmé» quelques jours plus tôt. «Il est suspecté d’y avoir conduit avec le premier gardé à vue, ses deux fils», a expliqué Laurent de Caigny. Une fois leur cible localisée, le père a incité son cadet à le «corriger», ce qui a déclenché «une altercation avec échanges de coups».

Un adolescent «spectateur», étranger à la fois à cette expédition et au différend, s’était interposé. Le fils aîné «venu avec un couteau, le sortait et en portait un coup», a encore relaté le magistrat. «Le père de famille avec le premier gardé à vue assurait alors la fuite de toute la famille d’agresseurs», a-t-il précisé. Transférée à l’hôpital, la victime, un apprenti dans un centre de formation, a été déclarée mort vers 23 heures 15. Il n’était pas connu des services de police ni de la justice. «Mon fils n’a rien à voir avec ça», a confirmé son père sur la radio RTL, décrivant «un gars gentil» en contrat d’apprentissage dans le bâtiment. «Il voulait juste les séparer et d’un coup l’autre a planté un couteau», a-t-il décrit. «C’est terrible, c’est trop pour moi».

Le quartier de la Monnaie s’était déjà retrouvé sous les feux de l’actualité à la suite du décès de Thomas, un lycéen de 16 ans mortellement blessé en novembre à la fin d’un bal de village à Crépol (Drôme). L’enquête n’a pas permis d’identifier l’auteur du coup de couteau qui l’a tué. Certains des mis en examen pour «homicide volontaire en bande organisée» sont originaires de la cité de la Monnaie. L’homicide de mardi «est un nouveau coup dur pour la ville», a réagi mercredi la maire divers droite de Romans-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval, en se félicitant que «des moyens importants aient été mis à disposition pour faire avancer l’enquête». La victime était «un jeune tout à fait ordinaire», déplorait-elle.