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Libération
Récit

Mort d’Emile : «J’aurais pu le laisser mais, après, il n’aurait plus été là», raconte la randonneuse qui a retrouvé le crâne

Disparition du petit Émiledossier
La retraitée est tombée sur les ossements du jeune garçon au milieu de son chemin de randonnée : sans téléphone portable, et avec un temps capricieux, elle explique à BFMTV avoir pris le crâne avec elle pour éviter qu’il ne soit perdu.
Le village du Haut-Vernet, le 4 avril 2024. (Thibaut Durand/Hans Lucas. AFP)
publié le 9 avril 2024 à 21h18

Elle aurait tout de suite su «que c’était lui». La randonneuse qui a découvert le 30 mars et ramené aux autorités le crâne d’Emile, s’est exprimée pour la première fois ce mardi 9 avril sur BFMTV. Le lendemain, les os du petit garçon avaient été authentifiés par des analyses ADN. Le petit garçon avait été vu pour la dernière fois le 8 juillet en fin d’après-midi, aperçu dans une ruelle du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), hameau de 25 habitants à 1 200 mètres d’altitude dans un environnement très escarpé.

Celle que BFMTV surnomme Manon est une retraitée qui vit dans les environs. Partie vers midi, cette «grande marcheuse» emprunte un chemin qu’elle assure ne pas avoir pris depuis un peu plus d’un mois. Juste en dessous du hameau du Haut-Vernet. C’est au milieu du sentier qu’elle découvre «la chose» : «blanc, tout propre», avec seulement «les dents du haut». Elle dit ne pas avoir douté une seconde : «Je savais que c’était lui.» Sauf que la randonneuse n’a pas de portable, et ne peut contacter directement les autorités.

Sacs plastiques

«J’aurais pu le laisser mais après, le temps d’y retourner, il n’aurait plus été là.» La météo pluvieuse renforce le risque de le perdre : le vent souffle assez fort, il y a des éboulements. «C’est pour ça que je l’ai ramassé, je sais que les jours de temps comme ça, si on attend, la montagne n’est plus la même», justifie-t-elle. Se pose un autre dilemme : comment le prendre sans l’altérer ? Elle s’empare de ses deux sacs plastiques - qu’elle aurait toujours sur elle pour garder ses pieds secs si elle rencontre flaques d’eau ou neige. Ce jour-là, elle ne les a pas encore utilisés. Alors elle les passe de chaque côté du crâne pour le saisir sans le toucher et ne pas y laisser ses empreintes. Avant de partir, elle scrute quand même les environs pour pouvoir montrer aux gendarmes l’endroit exact de sa découverte : un sapin écroulé lui servira de repère.

Crâne empaqueté sous le bras, elle retourne chez elle, puis le laisse sur sa terrasse et appelle les gendarmes. Arrivés une heure plus tard, ils mesurent l’ossement et emmènent la randonneuse. Neuf heures d’audition se succéderont. L’accès au chemin concerné est fermé par les autorités. Le domicile de la retraitée est perquisitionné, les gendarmes auraient notamment récupéré ses appareils électroniques. Selon les informations de BFMTV, elle n’a pas été placée en garde à vue et n’est pas suspecte.

Depuis, l’enquête suit son cours, et cette découverte a même relancé les recherches. De nouveaux ossements ont d’ailleurs été mis au jour, lundi 8 avril, en contrebas du sentier où Manon a retrouvé le crâne du petit garçon. Ils se situaient «dans la même zone que les vêtements - un tee-shirt et une culotte - et les chaussures du petit garçon». Les prélèvements seraient désormais en cours d’analyse «par les experts de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale dans leurs locaux à Pontoise [Val-d’Oise]».

On ignore pour l’heure si l’intégralité du squelette d’Emile a été retrouvée. Il n’est toujours pas possible d’élucider les causes de sa mort : les thèses de la chute de la chute accidentelle, comme de l’homicide involontaire ou du meurtre sont toujours sur la table.