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Fait divers

Mort d’Emile : le hameau du Haut-Vernet bouclé pour de nouveaux actes d’enquête

Une centaine de gendarmes essaient de collecter de nouvelles preuves dans le petit village du Haut-Vernet, bouclé ce lundi 1er avril afin de déterminer les causes de la disparition et de la mort d’Emile, deux jours après la découverte d’une partie de ses ossements.
La commune du Vernet au premier plan, le hameau du Haut-Vernet au second, dimanche. (Laurent Carré/Libération)
publié le 1er avril 2024 à 9h45
(mis à jour le 1er avril 2024 à 12h09)

Des ossements retrouvés mais encore beaucoup de questions. Si la mort d’Emile, 2 ans et demi, a été confirmée dimanche 31 mars, neuf mois après sa disparition dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), le drame reste entouré de mystères et les enquêteurs sont à pied d’œuvre pour trouver de nouveaux éléments. Pour leur faciliter la tâche, le minuscule bourg de 25 habitants est à nouveau coupé du monde, pendant toute la semaine, comme l’a décidé un arrêté municipal signé du maire François Balique.

L’objectif des gendarmes, une centaine désormais mobilisés alors qu’ils étaient une trentaine dimanche et épaulés par des équipes cynophiles, sera d’abord d’essayer de collecter des preuves. Seuls quelques ossements, dont le crâne du garçonnet, ont été retrouvés par une randonneuse samedi, non loin du Haut-Vernet, rattaché au village du Vernet, entre Digne-les-Bains et Gap. «Dans une zone en pleine nature, escarpée et pas toujours facile d’accès», a précisé la porte-parole de la gendarmerie, Marie-Laure Pezant au micro de France Info, ce lundi 1er avril au matin. Une zone «déjà inspectée plusieurs fois en juillet par une battue citoyenne et des enquêteurs de la gendarmerie», aidés notamment d’un hélicoptère équipé de caméras thermiques, a-t-elle ajouté.

L’endroit a donc été barricadé par un «dispositif de contrôle de zone» mis en place «pour éviter que les randonneurs ne puissent venir polluer le site de recherches», a expliqué le colonel Pierre-Yves Bardy, commandant du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, lors d’un point presse. Le but «est de permettre aux enquêteurs de travailler dans les meilleures conditions possibles.» Pierre-Yves Bardy assure que l’enquête mobilise «une équipe de très haute expertise». «On fait venir les meilleurs», a-t-il dit. Et précise qu’un escadron de gendarmerie mobile composé de 54 militaires est sur place, renforcé par une vingtaine de gendarmes du département. Une soixantaine d’entre eux est en réserve, si nécessaire.

Des «spécialistes de l’analyse du sol» dépêchés sur place

Les prochains jours seront cruciaux pour obtenir de nouveaux éléments «qui vont nous permettre d’orienter l’enquête, de fermer certaines portes et d’en ouvrir d’autres», a ajouté Marie-Laure Pezant. «Mais pour l’instant il y a un gros travail à faire sur les ossements», a-t-elle expliqué. Cette tâche a été confiée à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), à Pontoise, en banlieue parisienne, qui va poursuivre «les analyses criminalistiques», a précisé le parquet d’Aix-en-Provence.

Des experts de l’IRCGN se sont également «transportés sur le Haut-Vernet pour pouvoir analyser le secteur de découverte», précise la porte-parole. Parmi eux, des anthropologues «spécialistes de l’analyse du sol» qui essayeront «d’identifier si ces ossements étaient ou pas sur place ou s’ils ont pu être ramenés par différents moyens : une personne, un animal qui les aurait transportés ou bien les conditions météo qui auraient modifié le sol et qui les auraient bougés jusqu’ici».

«Ça peut prendre un certain temps»

Car toutes les pistes restent encore ouvertes, insiste Marie-Laure Pezant. Avec la découverte de samedi, la thèse de la chute accidentelle regagne en crédibilité alors que cette hypothèse s’étiolait à la suite des multiples battues infructueuses menées ces derniers mois autour du hameau, à 1 200 mètres d’altitude, sur les flancs du massif des Trois-Evêchés.

Ce rebondissement dramatique est survenu deux jours après une «mise en situation», une sorte de reconstitution des faits effectuée pour la première fois depuis le lancement de l’enquête. Lors de celle-ci, 17 personnes avaient été convoquées, dont toutes celles présentes le jour de la disparition d’Emile, pour tenter de déterminer leurs faits et gestes dans les derniers instants avant sa disparition. Mais «aucun lien ne peut être fait pour l’instant» entre cette reconstitution et la découverte des os, précise Marie-Laure Pezant.

Les parents, qui avaient laissé l’enfant sous la responsabilité de son grand-père maternel, indiquent être «en deuil», après «cette nouvelle déchirante redoutée». Ils souhaitent maintenant que «les enquêteurs continuent leur travail dans le nécessaire secret de l’instruction, pour que puissent être découvertes les causes de la disparition et de la mort d’Emile». Une enquête qui s’avère encore longue car «complexe», insiste le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon. «Il n’y a pas de délai, ça peut prendre un certain temps», abonde Marie-Laure Pezant. «On n’est pas certains de découvrir la cause ou les circonstances de la mort», confie-t-elle. «Le mystère se déplace, mais on est toujours dans le mystère», résume le maire du Vernet.

Mise à jour : à 12 h 09 avec les précisions du colonel Pierre-Yves Bardy.