Menu
Libération
L'essentiel

Mort d’Emile : cadavre transporté, «traumatisme facial», piste intrafamiliale… Ce qu’il faut retenir de la conférence du procureur

Disparition du petit Émiledossier
Quelques heures après la fin des gardes à vue des quatre membres de la famille d’Emile Soleil, le procureur d’Aix-en-Provence a livré de nouvelles informations sur l’enquête en cours ce jeudi 27 mars.
La maison de La Bouilladisse, où ont été interpellés les grands-parents d'Emile Soleil, le 25 mars 2025. (Patrick Gherdoussi/Libération)
publié le 27 mars 2025 à 7h28
(mis à jour le 27 mars 2025 à 13h09)

Un point presse pour des confirmations. Dans la matinée, le procureur d’Aix-en-Provence Jean-Luc Blachon s’est exprimé au cours d’une conférence de presse pour faire le point sur les dernières avancées de l’enquête sur la mort toujours inexpliquée d’Emile Soleil. Le garçonnet de 2 ans avait disparu en juillet 2023 dans le village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). «Les expertises introduisent la probabilité de l’intervention d’un tiers», a annoncé ce jeudi 27 mars le magistrat. Quelques heures plus tôt, dans la nuit de mercredi à jeudi, les gardes à vue des grands-parents maternels, d’un oncle et d’une des tantes d’Emile Soleil, avaient été levées après 48 heures d’audition.

Plus de 3 000 signalements

Accompagné du commandant de la section de recherches de Marseille Christophe Berthelin, le procureur a commencé par faire le point sur les investigations depuis le début de l’affaire en cours depuis 20 mois. «Chaque indice, chaque trace numérique, chaque signalement fait l’objet d’investigation minutieuse», a précisé Christophe Berthelin. Au total, les enquêteurs ont traité 3 141 signalements différents, mené 287 auditions de témoins et ratissé près de 285 hectares dans le cadre des recherches judiciaires. 426 000 véhicules ont en outre été détectés aux environs du Haut-Vernet au moment de la disparition de l’enfant et 55 millions de données de communication ont été traitées. Enfin, plus de 60 missions d’expertise dans des domaines incluant la physique chimie, la pédopsychiatrie, la génétique, la biologie et l’analyse médico-légal ont été menées.

Intervention d’un tiers dans la mort d’Emile Soleil

«Les conclusions de ces expertises permettent désormais de considérer que les vêtements et ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte», souligne Jean-Luc Blachon. D’après lui, elles permettent de «dire que le corps de l’enfant ne s’est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt» et «qu’il n’a pas été enfoui». Enfin, les analystes ont repéré la présence sur le crâne du garçonnet de «stigmates anatomiques évocateurs d’un traumatisme facial violent». «Vous aurez compris donc que les expertises introduisent la probabilité de l’intervention d’un tiers dans la disparition et la mort d’Emile Soleil», conclut-il.

Piste intrafamiliale

Depuis mardi matin, une possible piste familiale semblait se dessiner. Peu après 6 heures, Philippe et Anne Vedovini, parents de Marie, la mère d’Emile, ainsi que deux enfants majeurs du couple avaient été interpellés dans leur mas cossu de La Bouilladisse, entre Aix-en-Provence et Aubagne. Leur domicile avait également été perquisitionné. «Les gardes à vue et auditions de plusieurs témoins ces deux derniers jours s’inscrivent dans une phase d’enquête ou il devenait nécessaire de confronter les personnes les plus concernées par la disparition», souligne le procureur. Le magistrat précise que «la nécessité de prévenir toute concertation imposait le cadre juridique retenu par la garde à vue».

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les quatre personnes placées en garde à vue ont été remises en liberté sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elles. Selon Me Julien Pinelli, l’avocat de la grand-mère Anne Vedovini, sa cliente «a tenu à participer à ce qui pourrait naturellement s’apparenter à une épreuve, mais elle a tenu à le faire dans la mesure où elle estimait que c’était sa contribution aussi à cette enquête dont elle attend aujourd’hui les réponses». Les enquêteurs «avaient depuis hier beaucoup de questions à nous poser. On a répondu à l’intégralité des questions», a déclaré de son côté Me Isabelle Colombani, l’avocate du grand-père Philippe Vedovini. «On n’est pas sur des états d’âme. On est sur des éléments précis, factuels», avait-elle dit plus tôt mercredi.

Après ces interrogatoires, la piste familiale tient-elle toujours ? «Aujourd’hui, il y a une phase qui se termine concernant cette piste. Ça ne veut pas dire qu’elle se termine définitivement. Il peut survenir, au cours des investigations futures, des éléments complémentaires», répond Jean-Luc Blachon. De nouveaux éléments de l’enquête, dévoilés par le Parisien mercredi soir, insistaient sur le fait que les enquêteurs étaient désormais convaincus qu’Emile avait été victime d’un homicide. Ils avaient alors établi une liste de suspects où figuraient les quatre gardés à vue, interrogés pour «homicide volontaire» et «recel de cadavre». Le chef d’«homicide volontaire n’exclut pas définitivement l’hypothèse qu’il peut s’agir d’un homicide involontaire», rappelle toutefois le magistrat.

Concernant la révélation d’un nouveau témoignage d’un voisin, qui a déclaré, selon le Parisien, qu’il aurait vu passer le grand-père Philippe Vedovini peu après avoir aperçu le garçonnet le fameux 8 juillet 2023, «ce sont des éléments importants dans un dossier. Mais ce sont les éléments de l’information judiciaire, le secret de l’enquête et de l’information continue de s’appliquer». «A l’issue de ces gardes à vue et à la lumière de l’ensemble des éléments réunis, les charges n’étaient pas suffisantes pour conduire à une mise en examen quelconque dans ce dossier», conclut Jean-Luc Blachon.

Suicide du père Claude Gilliot

Enfin, d’après les informations de Paris Match, la police a perquisitionné le domicile du père Claude Gilliot, le prêtre qui avait baptisé Emile, à Aix-en-Provence, suicidé la veille de l’enterrement du garçon. Interrogé sur ce point, le procureur a tenu à souligner que pour l’heure il n’y avait «pas de lien entre un prêtre et cette affaire».

Mise à jour à 11 h 46 heures avec la conférence du procureur d’Aix-en-Provence.