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Arrestations

Mort de Thomas à Crépol : l’auteur présumé des coups de couteau mortels parmi les neuf interpellés

Les forces de l’ordre ont arrêté ce mardi 21 novembre sept suspects à Toulouse ainsi que deux autres dans la Drôme, qui seraient impliqués dans la mort de l’adolescent de 16 ans samedi soir.
A Crépol, dimanche. (Stéphane Marc/Le Dauphiné Libéré.MAXPPP)
publié le 21 novembre 2023 à 14h35
(mis à jour le 21 novembre 2023 à 21h03)

Des arrestations trois jours après la mort du jeune Thomas dans Drôme. Neuf personnes ont été interpellées ce mardi 21 novembre et placées en garde à vue, soupçonnées d’être impliquées dans la mort de l’adolescent de 16 ans samedi soir lors d’une fête communale à Crépol (Drôme). Parmi elles, «formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel», figure le principal suspect, âge 20 ans et de «nationalité française», a précisé le procureur de Valence mardi. Le jeune homme habite «le centre» de Romans-sur-Isère (Drôme).

Lui et six autres personnes originaires du même département, étroitement surveillées «dès lundi», alors qu’ils fuyaient leur domicile, ont été interpellés à Toulouse ce mardi, à plusieurs centaines de kilomètres du lieu du drame.

Opération du GIGN à Toulouse

Aux alentours de 14 heures, pas moins d’une cinquantaine de gendarmes du GIGN ont été mobilisés pour procéder à cette opération spectaculaire dans la ville d’Occitanie, selon la Dépêche du Midi. «Autour de 14 heures, des voitures et des camionnettes se sont garées rapidement devant les commerces. Puis, quand les gendarmes du GIGN, vêtus en noir, sont arrivés, j’ai vu des jeunes qui couraient et tentaient de s’échapper. Ils ont même été poursuivis sur la route avant d’être menottés», décrit un riverain.

Ce mardi en fin d’après-midi, «deux autres suspects ont également été interpellés» à Romans-sur-Isère (Drôme). Parmi ce total de neuf personnes arrêtées, «pourraient se trouver des individus directement impliqués dans les faits», a expliqué le procureur. «L’enquête dira si ce sont les personnes qui sont l’auteur de ce crime odieux», a ajouté Gérald Darmanin, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

«On ne va pas tarder à venir les chercher»

Plus tôt dans la journée, la porte-parole de la gendarmerie nationale, Marie-Laure Pezant, avait appelé les suspects à se rendre. «Ce serait plus raisonnable que les auteurs se présentent, parce qu’on ne va pas tarder à venir les chercher», a-t-elle menacé sur France Info.

Ses propos font écho à ceux du procureur de Valence, Laurent de Caigny, qui avait affirmé la veille au soir que «des suspects» étaient «en cours d’identification». Il avait également évoqué «une évolution opérationnelle rapide» après les violences survenues en marge d’une soirée dans la nuit de samedi à dimanche.

Ce soir-là, un groupe d’au moins une dizaine de personnes s’était rendu au milieu de la nuit dans le village de Crépol, situé à 20 km au nord de Romans-sur-Isère, où près de 400 personnes assistaient sur invitation à un «bal d’hiver» dans la salle des fêtes de la commune. Un des quatre vigiles, qui leur a interdit d’entrer, a été blessé à l’arme blanche. Alors qu’il se trouvait en «difficulté», des personnes sont sorties de la soirée et «s’en est suivi une rixe générale», a précisé le procureur.

Bilan : le jeune Thomas a succombé à sa blessure alors que les secours l’emmenaient à l’hôpital à Lyon et huit autres personnes ont été blessées, dont deux jeunes de 23 et 28 ans hospitalisés dans un état d’urgence absolue. Le plus âgé des deux a reçu plusieurs coups de couteau dans le dos et au thorax, selon le parquet.

«Ce n’était pas une rixe mais une attaque»

Si la porte-parole de la gendarmerie nationale a décrit une «bagarre d’une violence assez inouïe pour un village de 500 habitants», elle a néanmoins refusé d’employer le terme de «rixe» utilisé par le parquet de Valence. Elle se justifie : «Une rixe, ce sont deux groupes de jeunes qui ont décidé de prendre rendez-vous et de s’affronter. Ici, on n’est pas dans cette configuration-là.»

«Ce n’était pas une rixe mais une attaque, abonde ce mardi Josette Place, une retraitée membre du comité de fêtes de Crépol. Ils sont venus avec l’envie de tuer.» Selon elle, les jeunes à l’origine des violences sont arrivés en fin de soirée en groupe à la salle des fêtes «avec des parpaings et des couteaux».

L’extrême droite à l’affût

De nombreux messages ciblant «la racaille des cités» circulent depuis dimanche sur les comptes de l’ultradroite. Au regard des avancées de l’enquête, «il est cependant faux d’affirmer que le groupe hostile serait composé d’individus tous originaires de la même ville et du même quartier», a tenu à préciser le procureur de Valence. «Les liens qui peuvent exister entre les suspects possibles sont en cours d’identification et ne semblent pas reposer sur de telles logiques de territoire», souligne son communiqué.

Des comptes de militants d’extrême droite, souvent affiliés au mouvement Reconquête d’Eric Zemmour, diffusent depuis lundi des extraits vidéos présentés comme des images filmées pendant la soirée et assurent avoir identifié deux des agresseurs dont ils diffusent le portrait.

«Désormais le racisme antiblanc frappe dans nos campagnes», a déversé ce mardi matin sur X (ex-Twitter) Marion Maréchal, la tête de liste de Reconquête pour les élections européennes de juin. Eric Zemmour, lui, évoquait lundi «des victimes innocentes d’une guerre de civilisation» sur son compte X, quand Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national, a dénoncé ce mardi «des milices armées» opérant des «razzias», dans un entretien à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles.

Sous les hashtags #francocide, #Françaisréveillezvous ou #racaille, les messages appellent à la mobilisation pour la marche blanche prévue ce mercredi à 13 h 30 à Romans-sur-Isère, où se trouve le lycée du jeune Thomas. Cet hommage organisé par la famille «se veut apolitique par respect pour la famille», précise pourtant un message publié sur le compte Facebook du club de rugby RC Romans-Péage, où le lycéen jouait.

Gérald Darmanin lui-même avait évoqué lundi soir dans C à Vous, sur France 5, un phénomène d’«ensauvagement», terme préempté par l’extrême droite, que le ministre de l’Intérieur a fini par s’approprier.

Mise à jour : à 21 h 03, avec l’ajout de deux interpellations supplémentaires et des déclarations du procureur de Valence.