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Justice

Mort d’un homme après avoir reçu une douzaine de décharges électriques lors de son interpellation : une information judiciaire ouverte

Une information judiciaire a été ouverte après la mort il y a une semaine d’un homme de 30 ans ayant reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique lors de son interpellation à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis.
A Tours, le 23 décembre 2016. (Guillaume Souvant/AFP)
publié le 12 janvier 2024 à 19h02

Le parquet de Bobigny a annoncé vendredi 12 janvier l’ouverture d’une information judiciaire sur les circonstances de la mort, le 5 janvier, d’un homme de 30 ans ayant reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique lors de son interpellation par la police à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). «Les investigations s’attacheront à rechercher si un lien de causalité peut être établi entre les usages répétés de pistolet à impulsion électrique, les moyens qui ont été utilisés pour l’interpellation et le décès intervenu», a indiqué le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais, dans un communiqué.

D’après les premiers éléments de l’enquête cités par le parquet, six policiers ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique. Ils étaient 18 fonctionnaires à intervenir dans une épicerie de Montfermeil pour interpeller cet homme, en «état de surexcitation» et «d’agressivité», selon la même source. Né en Martinique le 1er janvier 1994, l’homme était, depuis l’interpellation, hospitalisé à Paris, dans le coma.

D’après une source proche du dossier, relayant le récit des policiers, un premier équipage de la brigade anticriminalité (BAC) est intervenu après l’appel au 17 de l’épicier, se plaignant des menaces et de l’agressivité de l’homme, par la suite testé positif à l’alcool. Sur place, les policiers se sont fait prendre à partie par l’homme, l’un d’eux a été violemment mordu au doigt et blessé au visage. Ils ont alors fait appel à du renfort, selon ce récit.

Selon le parquet, 6 fonctionnaires, sur les 18 qui intervenaient, ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique (PIE, qui projette des aiguillons reliés à l’arme par des filins). Environ 12 décharges ont été tirées d’après les premiers éléments de l’enquête, sans produire un effet immédiat. D’après la source proche du dossier, l’homme aurait été victime de deux arrêts cardiorespiratoires, avant d’être hospitalisé dans le coma.

Une «intervention policière démesurée», selon la LDH

Selon le parquet, un arrêt cardiaque avait été constaté alors que l’homme se trouvait dans le fourgon des sapeurs-pompiers qui l’avaient pris en charge, après l’interpellation, dans la nuit de mercredi à jeudi. L’enquête sur leur intervention a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les policiers n’ont pas encore été auditionnés et l’examen de la vidéosurveillance est en cours. Une seconde enquête qui visait l’homme sur les violences et menaces de mort à l’encontre des fonctionnaires avait été confiée à la Sûreté territoriale de la Seine-Saint-Denis.

La Ligue des droits de l’homme avait pour sa part dénoncé mercredi 10 janvier «l’utilisation massive et répétée [du pistolet à impulsion électrique], alors que l’homme était seul face à 18 fonctionnaires de police présents au moment de son interpellation». «Cette intervention policière démesurée nous conduit une nouvelle fois à questionner les méthodes d’intervention et l’utilisation disproportionnée de leurs armes par certains policiers» ajoutait l’organisation, demandant «à ce que toute la lumière soit faite sur ce nouveau décès qui semble résulter de violences policières injustifiées».