Trois ans après la mort de Joao F. sur le chantier du Grand Paris Express, les dirigeants de la société de construction qui employait cet ouvrier de 60 ans ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Bobigny ce mardi 20 mai.
L’actuel président de cette entreprise, Sampieri Construction, a écopé de deux ans de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. Il était à l’époque des faits ouvrier de cette société. Le tribunal a considéré que le déboulonnage d’une plaque en acier de 300 kg avait été fait à sa demande sur ce chantier de la gare Saint-Denis-Pleyel en Seine-Saint-Denis. Une de ses manœuvres au volant d’un monte-charge a entraîné la chute de cette plaque, tuant Joao F. qui se trouvait à l’étage inférieur.
Interview
Le père de ce premier prévenu, dirigeant de la société au moment des faits, a été pour sa part condamné à six mois avec sursis et 3 000 euros d’amende pour homicide involontaire, bien qu’absent des lieux le jour de l’accident. La société a écopé d’une amende de 40 000 euros.
Si les amendes infligées sont inférieures aux réquisitions, le tribunal a suivi la demande du ministère public concernant les peines de prison.
Cinq ouvriers sont morts sur les chantiers du Grand Paris Express
Le colossal chantier de la gare Saint-Denis Pleyel, qui a terme l’enchevêtrement de quatre lignes de métro, s’étendait sur neuf niveaux dont quatre souterrains.
Au niveau -3, Joao F., salarié d’Eiffage, «faisait son travail comme d’habitude» ce 5 janvier 2022, vêtu de son équipement de sécurité, avant d’être percuté à la tête par la lourde plaque métallique, a rappelé le procureur lors de l’audience début avril.
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«A la barre, j’ai entendu venant des prévenus “c’est un drame”, mais à aucun moment j’ai entendu “je suis désolé pour vous de ce qui est arrivé”», a regretté début avril l’avocat des parties civiles. Joao F. est l’un des cinq ouvriers décédés sur des chantiers du Grand Paris Express.
«Il y a trois accidents mortels au travail par jour, toutes professions confondues», a rappelé Marion Ménage, avocate de la CGT FNSCBA, représentant les salariés du bâtiment. «C’est quelque chose de systémique qui mérite que ce soit su et dit», selon elle. Les ouvriers du bâtiment «ne sont pas des professionnels qui se plaignent mais des gens qui travaillent extrêmement dur et dans des conditions extrêmement difficiles».