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Justice

Mort d’Yvan Colonna : une enquête contre l’administration pénitentiaire classée sans suites

La justice a prononcé, lundi 14 octobre, l’arrêt de la procédure lancée en 2023 après la saisine du président et du rapporteur de la commission parlementaire sur le meurtre en prison de l’indépendantiste corse.

Yvan Colonna avait été mortellement agressé en prison, en 2022. De grandes manifestations avaient suivi en Corse, comme ici à Bastia. (Patrick Gherdoussi/Libération)
Publié le 14/10/2025 à 10h42

Il n’y a pas lieu de poursuivre, pour la justice. Le parquet de Tarascon (Bouches-du-Rhône) a classé sans suite, ce lundi 14 octobre, une enquête préliminaire ouverte en 2023 après le signalement de deux députés corses mettant en cause l’administration pénitentiaire dans la mort du militant indépendantiste Yvan Colonna en prison, a-t-on appris auprès du procureur. Après avoir «mené une enquête de façon approfondie», «j’ai classé sans suite le dossier début octobre, estimant que les éléments sur lesquels s’appuyait la saisine faite sur les éventuels dysfonctionnements n’étaient pas établis», a déclaré le procureur de la République de Tarascon, Laurent Gumbau, confirmant une information de Corse Matin.

«Il n’y a pas eu d’infraction» de la part de l’administration pénitentiaire, a-t-il poursuivi. Deux ex-députés, Jean-Félix Acquaviva (Liot) et Laurent Marcangeli (Horizons), à l’époque président et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur l’agression mortelle du militant indépendantiste en prison en 2022, avaient écrit au procureur, dans une lettre datée du 5 juillet 2023 au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, face à «l’existence de faits pouvant, selon eux, constituer une infraction».

«Pas de faute particulière de l’administration»

Une enquête, confiée à la police judiciaire de Marseille, avait alors été ouverte notamment pour suppression de données informatiques dans un système de traitement automatisé mis en œuvre par l’Etat. Concernant le logiciel de traitement de données sur les détenus Genesis, interne à l’administration pénitentiaire, «il n’y a eu aucune suppression ou malversation des données», a estimé Laurent Gumbau. Dans le cadre de leur commission d’enquête, une surveillante de la maison d’arrêt d’Arles (Bouches-du-Rhône), où a eu lieu l’agression, avait indiqué à plusieurs reprises avoir «reporté dans ce logiciel des faits importants», notamment un «changement d’attitude» de Franck Elong Abé, le détenu qui a mortellement agressé Yvan Colonna le 2 mars 2022, avaient relaté dans leur courrier les ex-députés.

Ils avaient également pointé de «graves défaillances» dans l’appréciation de la dangerosité de Franck Elong Abé. Un point également écarté par le procureur qui «n’a pas déterminé de faute particulière de l’administration qui aurait laissé à penser un futur passage à l’acte». Yvan Colonna, condamné par trois fois à la perpétuité pour l’assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac à Ajaccio, était décédé le 21 mars à l’hôpital de Marseille où il avait été transféré et où il est resté en permanence dans le coma après l’agression commise par son codétenu.