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Libération
Islamophobie

Mosquées : les têtes de cochon ont été déposées «par des personnes de nationalité étrangère» ayant «aussitôt quitté le territoire»

Selon le parquet de Paris, il s’agit d’une «volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation». Les investigations se poursuivent.

La mosquée Islah, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, le 9 septembre 2025. (Bertrand Guay/AFP)
Publié le 10/09/2025 à 19h50, mis à jour le 11/09/2025 à 16h13

Une possible ingérence étrangère ? Les têtes de cochon déposées devant des mosquées en région parisienne l’ont été par des «personnes de nationalité étrangère qui ont aussitôt quitté le territoire», a indiqué ce mercredi 10 septembre le parquet de Paris, dénonçant «une volonté manifeste de provoquer le trouble au sein de la nation».

Selon le parquet, sollicité par l’AFP après une information de BFM TV, «un agriculteur normand s’est manifesté auprès des enquêteurs pour signaler que deux personnes étaient venues lui acheter une dizaine de têtes de cochon», avec un véhicule «dont la plaque d’immatriculation serait serbe».

«Les recherches en matière de vidéo-protection ont établi que c’est avec ce même véhicule que ces personnes sont arrivées à Paris, près [du quartier] Oberkampf, dans la nuit de lundi 8 à mardi 9 septembre», précise le ministère public, avant d’ajouter que les images ont «également montré deux hommes déposer les têtes devant un certain nombre de mosquées».

Ces individus «sont susceptibles d’avoir utilisé une ligne de téléphone croate, dont le suivi atteste d’un franchissement de la frontière franco-belge dès le mardi matin, après la commission des faits», indique encore le parquet.

Dans l’affaire des têtes de cochon, le parquet précise que les investigations se poursuivaient sous deux qualifications. D’une part : violences volontaires sans incapacité à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une religion déterminée commis dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère ou d’une entreprise ou d’une organisation étrangère ou sous contrôle étranger. Un délit qui fait encourir six ans d’emprisonnement. D’autre part : provocation publique à la haine ou à la violence en raison de la religion, un délit faisant encourir, lui, un an de prison.

Réactions indignées

Neuf têtes de porc, animal considéré comme impur par l’islam, ont été découvertes mardi 9 septembre au matin devant des mosquées de la capitale et de la région parisienne, suscitant des réactions indignées.

Ces têtes de porc ont notamment été découvertes à Paris, devant des mosquées des XVe, XVIIIe et XXe arrondissements, ainsi que devant l’entrée de la mosquée Islah à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à Montrouge, à Malakoff (Hauts-de-Seine) et à Gentilly (Val-de-Marne).

Le préfet de police, Laurent Nuñez, avait dans la foulée évoqué de possibles «actions d’ingérence étrangère». Il faisait référence à de précédentes affaires, attribuées à des ressortissants étrangers, dont les tags d’étoiles de David dans Paris à l’automne 2023 ou de mains rouges sur le Mémorial de la Shoah en mai 2024.

Dans une tribune diffusée ce jeudi 11 septembre, l’association de lutte contre les actes antimusulmans Addam manifeste sa «profonde inquiétude face à une situation qui devient incontrôlable», et s’alarme des «signes troublants [qui] pointent vers des manipulations extérieures visant à amplifier les maux de la société française et déstabiliser notre pays». L’association assure avoir recensé 203 faits antimusulmans en 2025, soit selon elle, « une explosion de 80 % par rapport à l’année précédente».

Mise à jour le 11 septembre à 16 h 13 avec la réaction de l’Addam.