Du 27 juin 2023, Mounia Merzouk se souvient de l’appel d’une amie qui lui dit que son fils a eu un «accident» sans plus de détail, de son arrivée en trombe sur les lieux, et de son immense douleur. Ce jour-là, à 8 heures 19, son fils de 17 ans, Nahel, est tué par le tir d’un policier à Nanterre. Plusieurs jours de révoltes suivront. Près d’un an après, Mounia Merzouk, dans le salon de son appartement, situé dans une résidence populaire de la ville des Hauts-de-Seine, souffle qu’elle n’a «plus de vie». Depuis février, cette femme de 45 ans a repris tant bien que mal le travail. Elle se lève aux aurores pour livrer «des chimios» à des malades atteints de cancer. «J’ai plus rien de mon fils, j’ai que des souvenirs, j’ai que des photos. Je rentre du travail, et puis je sors plus de chez moi.»
Cet enfermement, Mounia Merzouk explique s’y plier en partie pour éviter les regards, les questions qui lui sont adressées dès qu’elle est dehors. Son visage et sa chevelure blonde sont désormais bien connus à Nanterre et au-delà. «Heureusement, la plupart des gens que je livre ne me reconnaissent pas, je speede et quand ça arrive, je m’en sors en disant que j’ai une autre livraison derrière, que je suis pressée.» Même les sourires, les messages empathiques et encouragements ne passent plus. «Les