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Mouvance d’ultradroite : 39 membres placés en garde à vue à Paris, dont une vingtaine fichés S

Des policiers de la Brav-M ont interpellé 39 personnes à la sortie d’un cimetière parisien où elles rendaient hommage à l’écrivain collaborationniste Robert Brasillach fusillé à la Libération.
Des policiers de la Brav-M gare de l'Est à Paris, le 8 juillet 2023. (Bertrand Guay/AFP)
publié le 11 février 2024 à 8h07

Un total de 39 membres d’ultradroite, dont une vingtaine de fichés S, ont été interpellés et placés en garde à vue samedi 10 février à Paris, dans un contexte de menace accrue de cette mouvance. Ils étaient entendus pour «participation à un groupement en vue de commettre des dégradations», selon le parquet.

C’est vers 16 heures qu’ils ont été cueillis par des policiers de la Brav-M, à la sortie du cimetière de Charonne, dans le XXe arrondissement de la capitale. Ils venaient de rendre hommage à l’écrivain d’extrême droite Robert Brasillach, condamné à mort et fusillé à la Libération pour des faits de collaboration.

Interdiction de se rendre à Paris

Parmi eux figurent des personnalités bien connues de la mouvance d’ultradroite, dont l’ancien chef du groupuscule dissous les Zouaves, Marc de Cacqueray-Valmenier, ou Gabriel Loustau (fils d’Axel), une figure du GUD.

Marc de Caqueray-Valmenier, 24 ans, a déjà été condamné et incarcéré ces dernières années. Il est actuellement mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans l’affaire de l’agression de militants de SOS Racisme lors d’un meeting d’Eric Zemmour, président du mouvement d’extrême droite Reconquête, en décembre 2021. Sur son compte Instagram, il s’est vanté d’être allé combattre à l’automne 2020 au Nagorny-Karabakh aux côtés des Arméniens chrétiens contre les Azerbaïdjanais musulmans.

Avant d’être interpellés, ces militants avaient été vus à proximité d’une manifestation syndicale contre l’extrême droite qui se déroulait dans la capitale, place de la République. Certains avaient pour interdiction de se rendre à Paris et au moins deux d’entre eux étaient munis de béquilles, pouvant être considérées comme des armes par destination, a précisé la source proche du dossier.

En novembre 2023, 13 personnes, dont 7 fichées S d’ultradroite, avaient déjà été interpellées à Paris pour des tags de croix gammées au sol dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Deux d’entre eux avaient été mis en examen pour apologie publique de crime ou délit, six autres pour refus de remettre aux autorités judiciaires le code de leur téléphone portable.

«Résurgence très préoccupante»

En réaction, le gouvernement a dissous plusieurs groupuscules d’ultradroite ces derniers mois. Dernier en date, l’association d’ultradroite lilloise la Citadelle, qui s’était vu interdire l’organisation d’une soirée intitulée «Qu’ils retournent en Afrique» en février 2023. Elle a été dissoute mercredi en Conseil des ministres.

En décembre, un autre groupuscule, la Division Martel, avait été dissous après une manifestation aux allures d’expédition punitive à Romans-sur-Isère (Drôme), en réaction à la mort d’un jeune homme, Thomas, à Crépol.

L’ex-directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, désormais à la tête de la DGSE, avait alerté en juillet sur «la résurgence très préoccupante» des actions violentes de l’ultradroite depuis le printemps 2023, dans un entretien au journal le Monde. Depuis 2017, 10 projets d’attentats inspirés par la mouvance d’ultradroite ont été déjoués, selon les autorités.