Marseille, la Belgique, et des liens avec un cartel mexicain… L’action des services de police antistupéfiants a permis de démanteler un réseau international de fabrication de drogues de synthèse basé dans le Var, a annoncé ce samedi 24 mai le parquet de Marseille. L’enquête a mené à l’interpellation d’une quinzaine de personnes, dans le sud de la France et outre-Quiévarin, dont huit ont été mises en examen.

Cette opération, lancée lundi 19 mai après des mois d’investigations sous l’égide de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, fait suite à l’interpellation en juin 2024 dans le Var de deux personnes transportant 215 kg de méthamphétamine. Une saisie exceptionnelle de cette drogue de synthèse, «correspondant, à elle seule, aux saisies annuelles réalisées en France ces dernières années», avait alors souligné le procureur de Marseille Nicolas Bessone dans un communiqué.

Après ces interpellations, l’enquête a montré que «400 kg de méthamphétamine ont été produits au printemps 2024 dans un laboratoire créé de toutes pièces dans une luxueuse propriété de l’arrière-pays varois», a précisé le procureur.

«Les produits servant de matière première, pour la plupart achetés en Chine, étaient acheminés par voie maritime puis routière vers des entreprises du Var, où le réseau disposait de solides relais logistiques», ajoute-t-il, évaluant le chiffre d’affaires à la revente au détail à plus de 11 millions d’euros, pour un investissement initial estimé autour de 150 000 euros.

Les deux personnes interpellées en juin 2024, appartenant au banditisme varois, étaient «associées dans ce trafic, ayant des ramifications dans plusieurs pays européens, à un cartel mexicain», selon le procureur Bessone. Les enquêteurs ont également pu identifier des filières d’écoulement impliquant des intermédiaires localisés en Espagne et en Belgique et découvert «l’utilisation de cryptomonnaies pour assurer les transferts de fonds».

Les interpellations ont principalement eu dans le Var. Mais, «l’une des principales têtes du réseau a été arrêtée en Belgique par la police judiciaire de Liège, dans le cadre d’une demande d’entraide pénale», souligne le procureur de Marseille.

Cette opération d’ampleur a mobilisé 190 militaires de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille et du groupement de gendarmerie du Var, renforcés par des militaires des sections de recherche de Versailles, des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence, du Var, de la Dordogne, de la gendarmerie maritime, de la gendarmerie des transports aériens et du peloton spécialisé de protection de la gendarmerie de Cadarache (Bouches-du-Rhône).

Des perquisitions ont permis la saisie d’espèces, de trois véhicules, de produits de maroquinerie de luxe, de nombreux téléphones portables et de matériel électronique utilisé pour détecter les systèmes de surveillance utilisés par les forces de l’ordre.

Du matériel abandonné a également été découvert dans la villa de l’arrière-pays varois ayant hébergé le laboratoire de production de méthamphétamines.

A l’issue des auditions, huit des quinze personnes interpellées ont été mises en examen, notamment pour importation, production et trafic international de produits stupéfiants en bande organisée et différentes formes de blanchiment. Six ont été placées en détention provisoire et deux sous contrôle judiciaire.