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Justice

Naufrage de 27 migrants au large de Calais en 2021 : cinq militaires mis en examen pour non-assistance à personne en danger

Une dizaine de personnes, dont des militaires du Centre régional de secours en mer, ont été placées en garde à vue dans l’enquête sur la mort de 27 migrants après le naufrage de leur bateau dans la Manche fin 2021. Cinq sont mis en examen.

Night police patrol monitors the beach of Wimereux, near Calais, to prevent Channel crossing attempts by migrants, in Wimereux, Northern France, on December 21, 2021. The investigation into the sinking of migrants in the English Channel that left 27 people dead on the night of November 24 was handed over to Parisian investigating judges on December 17, the Paris prosecutor s office said. Une patrouille de police nocturne surveille la plage de Wimereux, pres de Calais, pour prevenir les tentatives de traversee de la Manche par les migrants, a Wimereux, dans le nord de la France, le 21 decembre 2021. L enquete sur le naufrage de migrants dans la Manche qui a fait 27 morts dans la nuit du 24 novembre a ete confiee a des juges d instruction parisiens le 17 decembre, a indique le parquet de Paris. (Photo by SYLVAIN LEFEVRE / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP) (Sylvain Lefevre /Hans Lucas. AFP)
Publié le 25/05/2023 à 17h34, mis à jour le 25/05/2023 à 17h35

Dix-huit mois après l’émotion, l’enquête avance. Cinq militaires ont été mis en examen ce jeudi 25 mai à Paris pour non-assistance à personne en danger dans l’enquête sur le naufrage d’un canot, dans la Manche, le 24 novembre 2021, emportant 27 passagers, majoritairement des Kurdes irakiens, âgés de 7 à 46 ans. Il s’agit de trois femmes et deux hommes en fonction au moment des faits au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Gris-Nez (Pas-de-Calais), chargé des secours dans la Manche. Ces mises en examen font suite aux gardes à vue d’une dizaine de personnes puis à leur présentation devant le magistrat instructeur de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du tribunal judiciaire de Paris.

Le fait que certains des mis en cause soient des militaires du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Gris-Nez (Cross, Pas-de-Calais) pourrait entraîner des spécificités procédurales. Dans ce dossier, il est reproché aux autorités françaises de ne pas avoir répondu positivement à la quinzaine d’appels au secours des migrants en train de se noyer. Personne ne leur est venu en aide. Ni côté français, ni côté britannique, chacun passant la nuit à se renvoyer la balle, selon des documents de l’enquête. Deux seulement avaient pu être repêchés.

Le directeur du Cross Gris-Nez n’a pas souhaité réagir. «Tous les opérateurs actuellement au Cross Gris-Nez ou embarqués ont toute la confiance du préfet pour conduire les opérations de sauvetage en mer», a commenté la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord. «L’affaire suit son cours et l’instruction n’est pas de notre ressort», a-t-elle ajouté.

Ces éléments, qui concordent avec les déclarations des deux survivants, ont secoué le Cross Gris-Nez, chargé des secours dans la Manche, et ont suscité la «consternation» des associations d’aide aux migrants. Lors de précédentes auditions dans cette enquête, des agents du Cross avaient invoqué le manque de moyens qui contraint «à prioriser». Ce soir-là, le Cross a traité «des centaines, voire des milliers d’appels», avait rapporté l’un d’eux.

«Si à un quelconque moment il y a eu un manquement, une erreur, les sanctions seront prises», avait aussi assuré en novembre le secrétaire d’Etat Hervé Berville, reconnaissant un «effroi» à la lecture des informations de presse. Dix passeurs présumés, majoritairement afghans, ont été mis en examen dans l’information judiciaire parisienne sur ce drame, qui a fait monter la tension entre Paris et Londres. Mais sans décourager les candidats à l’Angleterre. Une enquête est également en cours outre-Manche. Les autorités britanniques ont annoncé fin novembre avoir arrêté un homme, «suspecté d’être un membre du groupe criminel organisé qui a conspiré pour transporter les migrants au Royaume-Uni à bord d’un petit bateau».