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Alarme

«Notre fille a vécu l’antisémitisme dans sa chair» : les parents de la fille de 12 ans violée à Courbevoie témoignent

Les parents de la fille de 12 ans violée et agressée par des garçons de son âge, à Courbevoie le 15 juin, ont pris la parole dans «le Parisien», ce mardi 25 juin. Ils mettent en avant le caractère «clairement antisémite» de l’horreur qu’a vécue leur enfant.
Manifestation contre l'antisémitisme sur la place de la Bastille, le 20 juin, en réaction au viol d'une fille de 12 ans à Courbevoie. (Johanna Geron/REUTERS)
publié le 25 juin 2024 à 12h17

«Notre fille a vécu l’antisémitisme dans sa chair», témoignent les parents de la fille de 12 ans, violée et agressée à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Ils prennent la parole pour la première fois, ce mardi 25 juin, dans le Parisien, dix jours après que leur enfant a été séquestrée par un groupe de garçons de son âge dans une crèche désaffectée, à deux pas de leur appartement.

«Elle est très choquée. Ses agresseurs lui ont volé son enfance», assure son père. Selon lui, sa fille rencontre des difficultés pour s’endormir à cause de «flash-back» et se réveille la nuit. Si «elle a réussi à trouver les mots pour expliquer à la police ce qui lui est arrivé» dès le lendemain de son agression, la collégienne «connaît plus de difficultés à se confier» depuis.

Au-delà du récit de la recherche de l’adolescente et de son état psychologique, les parents sont revenus sur le contexte de cette agression, leurs avocats parlant d’une «expédition punitive». «C’est un acte clairement antisémite qui est lié à l’importation en France du conflit israélo-palestinien», soutient la mère de la victime. Selon elle, «l’expédition punitive consistait à venir massacrer une personne parce qu’elle est juive».

Leur fille aurait menti à ses agresseurs sur sa religion, pour éviter d’être considérée comme une «antipalestinienne», selon les mots de sa mère. «La réalité est bien différente puisque notre fille, comme nous-mêmes, est pour le camp de la paix», assure son père. Selon les parents de la collégienne, «après le 7 octobre, [elle] a subi un harcèlement dans son collège et une mise à l’écart du fait de sa religion. Cela a commencé dans le courant du mois de novembre par des saluts nazis, des croix gammées sur les tables à l’école ou des blagues sur la Shoah. Elle a perdu plusieurs camarades musulmanes de cette façon, sans que cela ne débouche sur des violences physiques».

«Nous ne vivons pas un antisémitisme résiduel»

Ils expliquent lui avoir ainsi demandé de «rester prudente sur les questions liées à la religion». Selon eux, c’est pour ces raisons que leur fille a laissé entendre à un de ses agresseurs – rencontré quelques semaines avant les faits lors d’une visite inter-collèges du site olympique de hockey sur gazon à Colombes (Hauts-de-Seine) – qu’elle était musulmane.

«Nous ne vivons pas un antisémitisme résiduel mais un antisémitisme pesant, visible, palpable, explique la mère. Notre fille l’a vécu dans sa chair à l’école avant de subir l’impensable le 15 juin.» Selon le couple, «un amalgame s’est opéré dans une partie de l’opinion entre Israël, vu comme l’agresseur du peuple palestinien, et les Français juifs qui sont dès lors montrés du doigt et dénoncés pour des faits qui se déroulent à plusieurs milliers de kilomètres».

Les parents ont par ailleurs exprimé le sentiment «très pénible» de l’instrumentalisation de ce drame «par l’ensemble des partis politiques» et indiquent vouloir rester loin des sollicitations. Ils font passer un message «pour alerter les consciences des parents et des enfants, quelle que soit leur confession, pour que ce genre de drame ne se répète pas». Le couple appelle à faire «la distinction entre un conflit extrêmement brûlant qui se déroule à l’étranger, d’un côté, et les Français juifs, de l’autre». Car, ils le soulignent, pour eux «il y a un mimétisme entre les actes perpétrés par les terroristes du Hamas dans les kibboutz et ce que notre fille a subi en bas de chez nous à Courbevoie».

Dans cette affaire, trois garçons âgés de 12 à 13 ans ont été mis en examen ou placé sous statut de témoin assisté mardi 18 juin, pour viol aggravé et violences antisémites.