La rocambolesque affaire Athanor va se poursuivre au tribunal. Deux juges d’instruction ont ordonné ce vendredi 12 juillet un procès aux assises de Paris pour 22 personnes soupçonnées d’avoir participé, à des degrés divers, à des projets criminels attribués à une officine liée à la loge franc-maçonne qui porte ce nom. Selon l’ordonnance de mise en accusation, révélée par l’AFP, 19 hommes et 3 femmes nés entre 1952 et 1996 seront jugés au terme de l’enquête ouverte fin juillet 2020. A cette date, deux militaires de la DGSE, suspectés d’être alors sur le point d’assassiner une figure du milieu du coaching en entreprise, avaient été interpellés à Créteil, dans le Val-de-Marne.
Ces arrestations complètement fortuites avaient permis, au fil des interrogatoires, de démanteler une officine criminelle de grande envergure, dont les principaux responsables ont été mis en examen. Ceux-là se sont connus dans la franc-maçonnerie, dans une loge nommée Athanor, basée à Neuilly-sur-Seine, et liée à l’obédience de la Grande Loge Alliance Maçonnique Française (GLAMF). L’enquête a permis de mettre au jour de nombreux autres projets attribués à la cellule criminelle et qui sont suspectés d’avoir été rémunérés par différents commanditaires.
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Assassinat d’un pilote de rallye
Le plus grave des agissements est l’enlèvement et l’assassinat du pilote de rallye Laurent Pasquali fin 2018. Son corps enterré avait été découvert par un promeneur neuf mois après sa disparition, dans un bois de Haute-Loire. Un couple connu dans le milieu automobile, créancier de Laurent Pasquali, est soupçonné d’avoir missionné la cellule à son sujet mais a contesté avoir demandé son assassinat. L’assassinat d’un syndicaliste de la CGT de l’Ain considéré comme «gênant» aurait aussi été envisagé, ainsi que celui d’un maire du Val-de-Marne, maquillé en accident.
D’autres actions criminelles ou délictuelles, plus ou moins abouties, sont attribuées à cette cellule. «Libé» avait par exemple révélé, en 2021, que l’ancien ministre Henri Plagnol, qui fut secrétaire d’Etat de Jacques Chirac, avait fait appel, avant les municipales de 2014, à ces barbouzes pour surveiller un adversaire politique.
Commanditaires et exécutants présumés se renvoient fréquemment la responsabilité des actes, les premiers évoquant souvent des demandes de pressions simples tandis que les seconds assurent qu’ils n’ont fait qu’obéir à des ordres demandant des agressions voire des meurtres. Le parquet avait requis en mai un procès pour 23 personnes, mais l’un des mis en examen a bénéficié d’un non-lieu pour association de malfaiteurs.